Les éditions du Père Fouettard, vous connaissez ? Le Père Fouettard est un éditeur jeunesse à la ligne éditoriale simple : des albums drôles et turbulents pour tous les enfants (les sages comme les moins sages) et même pour les adultes ! Avec une production éthique (des matériaux non agressifs pour l’environnement et des conditions de travail respectueuses de l’humain), l’éditeur propose un catalogue qui invite à l’évasion et au divertissement, tout en proposant des pistes de réflexion, permettant d’appréhender le monde sans préjugés.
Et le premier album du Père Fouettard que l’on découvre chez Café Powell, De rêves et d’eau, correspond en tous points à cette ligne annoncée. Alléchant, non ?
De rêves et d’eau, c’est l’histoire d’une petite fille vivant seule sur une plateforme au milieu d’une vaste étendue d’eau. Elle écrit ses rêves sur des feuilles pliées dans des bouteilles qu’elle jette autour d’elle, à l’océan. Elle pense beaucoup à ses parents, disparus, et à son grand-père qui était aviateur.
Un matin, elle plonge dans l’eau et part pour un voyage merveilleux qui lui fait découvrir une île colorée sur laquelle elle découvre une carte au trésor qui l’entraîne dans un périple parmi des animaux et paysages depuis longtemps oubliés.
Et s’il ne restait que les océans sur terre ? Et si le réchauffement climatique dont on parle tant avait fini par nous rattraper ? Voilà le point de départ de ce très bel album. Dans la première partie, ce sont les tons gris et monochromes de la mer omniprésente qui dominent, entourant la fillette d’un océan de tristesse bien perceptible. La seconde partie de l’album, dédiée au voyage merveilleux qu’effectue l’enfant dans les paysages du passé, beaucoup plus colorée, vivante et lumineuse, offre un fort contraste avec le début, ce qui ne fait que mettre en valeur l’opposition des deux univers.
Le texte, quant à lui, très poétique, invite à la protection de notre environnement : les animaux et la nature, évidemment, mais aussi à porter attention à ses proches. Le tout sans emprunter de ton moralisateur et tout en douceur !
On suit le long monologue intérieur de la fillette, qui s’interroge sur les dérives du passé et les conséquences du comportement humain qu’elle subit dans le présent. Le texte est subtilement poétique et laisse souvent le lecteur tirer les conséquences de ce qu’il lit, l’invitant ainsi à la réflexion. Ainsi, si l’album est destiné à des enfants de 6 ans, il faudra peut-être accompagner la lecture pour soulever les non-dits avec eux : aussi beau et poétique soit l’album, il pourra sembler un peu confus à un très jeune lecteur !
De rêves et d’eau, finalement, est un bel album présentant une fable écologique un peu mélancolique : en mettant en balance un univers monochrome qui a sombré et les couleurs et la luminosité de notre planète, les deux artistes taïwanais offrent un hymne à une nature en péril et nous enjoignent de protéger ce qui est encore à notre portée !
Un éditeur clairement à découvrir.