THRILLER PSYCHOLOGIQUE — Les éditions Super 8 aiment bien brouiller les pistes : dans Sujet 375, difficile de discerner la réalité des hallucinations du personnage principal. L’héroïne, Maria Martinez, est elle-même bien en peine de démêler le vrai du faux…
Ce qu’on lui a dit, c’est qu’elle doit sa présence en prison au meurtre sanglant d’un prêtre. Mais Maria ne garde aucun souvenir de cet assassinat : l’a-t-elle vraiment commis ? Elle ne sait pas, elle qui pourtant, d’ordinaire, se souvient de tout. Les preuves sont là, pourtant. Menée d’interrogatoire en interrogatoire, où sa santé mentale est sans cesse remise en question, Maria sent peu à peu la réalité lui échapper : atteinte du syndrome d’Asperger, elle note compulsivement souvenirs et rêves dans un carnet pour essayer de lutter contre ce phénomène, qui se révèle contenir bien plus que ça…
Sujet 375 joue avec l’amnésie de son héroïne, semant le doute dans son esprit comme dans celui du lecteur. Il apparaît très rapidement que Maria est totalement perdue : elle qui a d’ordinaire l’habitude de tout maîtriser se retrouve dans un milieu hostile et violent, où elle est constamment poussée dans ses retranchements. Personne ne la croit quoi qu’elle dise, et cette méfiance systématique de l’équipe carcérale va semer le doute dans son esprit. A-t-elle tué le prêtre ? Tout au long du roman, elle hésite, penche vers l’une des hypothèses, avant de la réfuter.
Maria est indéniablement un personnage étonnant, qui a des réactions fascinantes : elle est aussi diablement agaçante. Le mot qu’elle dit le plus souvent au fil du roman est « Quoi ? », mot qu’on finit par ne plus supporter… Elle n’a pas de filtre, et n’hésite pas à dire les choses avec une candeur qui ne peut que lui être dommageable… C’est un personnage assez déstabilisant : son Asperger est un élément important de l’intrigue, mais empêche le lecteur de véritablement s’identifier à elle, car elle reste toujours très froide, toujours dans le calcul et la réflexion.
Sujet 375 fait froid dans le dos, en jouant avec l’idée d’une folie dans laquelle on peut basculer en un rien de temps et en imaginant une organisation quasiment toute-puissante, qui tient le destin de Maria entre ses mains. Ce n’est clairement pas le meilleur roman que nous ont proposé les éditions Super 8, mais c’est un roman honnête à défaut d’être véritablement palpitant.
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