ROMAN D’ESPIONNAGE — Neal Stephenson a fait ses premiers pas dans la programmation, avant d’étudier la physique et la géographie, des matières qui l’ont inspiré dans ses romans.
Richard Forthrast est à la tête d’une gigantesque entreprise, Corporation 9592, propulsant un jeu vidéo en ligne mondialement connu et reconnu, plébiscité par des joueurs de tous horizons : T’Rain.
Mais avant cela, dans les années 1970, Richard a fui son Iowa natal pour échapper à la guerre du Vietnam. Réfugié dans les Rocheuses canadiennes, il a fait fortune en se livrant à la contrebande. Argent qui a, par la suite, servi à bâtir ses empires vidéo-ludiques et financiers, en blanchissant allègrement toutes sommes passant entre ses mains.
Or, aujourd’hui, T’Rain va mal… un mystérieux hacker se met à rançonner les joueurs du monde entier, prenant en otage leurs données numériques matérielles. Et ce n’est rien : pour livrer les rançons, les joueurs sont forcés de s’organiser en convois systématiquement annihilés et pillés. C’est un carnage et une perte d’argent considérable, tant pour les joueurs que pour la Corporation 9592. C’est très problématique…
D’autant que Zula, la nièce de Richard, ne tarde pas à rencontrer la Mafia russe, laquelle en a après son petit ami, Peter, qui a vendu des codes à un entremetteur mafieux… coincé dans T’Rain par les hackeurs. La Mafia n’y va donc pas par quatre chemins : elle tue l’entremetteur et enlève Peter et Zula. Direction la Chine, dont semblent être originaires les hackeurs.
Tout cela est donc particulièrement compliqué et même un peu plus que cela lorsque des notions d’économie, de filoutage et de géologie s’en mêlent. Car T’Rain est une machine redoutablement complexe : Corporation 9592 emploie des spécialistes (de géologie et de flux, notamment), pour assurer un univers parfaitement réaliste (quoique de fantasy). Si l’on ajoute à cela le long descriptif des magouilles financières qui ont mené à la création et pérennisation du jeu, on ajoute un certain nombre de chapitres pour le moins confus. Le début est aussi long qu’obscur et le lecteur inattentif se perdra facilement dans les méandres de détails. Heureusement, cela ne prend guère plus que les 100 à 150 premières pages (sur 700) et le reste mérite qu’on s’y accroche.
Car la seconde partie est d’un autre acabit ! Là, on se rapproche plutôt d’un roman d’espionnage en bonne et due forme, avec différentes bandes qui s’affrontent. Si Richard était au centre de la première partie, la seconde voit trois groupes se détacher : les Mafieux et leurs prisonniers ne vont pas tomber directement sur les hackers chinois… mais plutôt sur la bande de djihadistes préparant un attentat cachée dans l’appartement du dessous. Or, ceux-ci étaient sous la surveillance d’Olivia, charmante agent sino-anglaise du MI6. L’histoire prend donc subitement une toute autre ampleur. Là, on retrouve tous les codes du roman d’espionnage : cascades, péripéties endiablées, révélations et retournements de situation fracassants, sexe, actions désespérées et autres plans de secours mis en œuvre in extremis foisonnent dans les pages. Neal Stephenson mène sa barque à bon train, mais on a tout de même l’impression, une fois arrivés au bout de ce premier volume, de n’avoir assisté qu’à l’introduction.
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