CINÉMA — La dystopie est à la mode, ces temps-ci, en témoignent les innombrables adaptations de romans du genre qui paraissent sur nos écrans : après les Hunger Games, Le Labyrinthe et Le Passeur (un excellent roman de Lois Lowry à côté duquel il serait fort dommage de passer), c’est à Divergente de s’afficher. Or, depuis Harry Potter et son colossal tome 7, il est de bon ton de sauvagement saucissonner le tome conclusif de la saga en deux films. Lorsqu’il y a matière, comme dans Hunger Games, pourquoi pas. Mais parfois, il vaudrait mieux s’abstenir. Et pour Divergente, il aurait franchement mieux valu…
Spectateur, soyez donc prévenus : le film est long. Très long. Et ce n’est que la première partie – mais au vu de ce qu’ils y ont mis, que comptent-ils mettre dans la suite ? Mystère…
Il ne se passe positivement rien dans cette histoire : Tris, Tobias et leurs petits camarades s’échappent de leur Chicago natal et découvrent qu’en fait, ils ne sont guère que le fruit d’une expérience scientifique. Mieux, les Divergents dans leur genre, avec un génome pur (et qui assure donc qu’ils puissent appartenir à plusieurs castes) sont rien moins que l’espoir de l’humanité. Absolument. Les voilà donc récupérés par une bande de scientifiques vivant dans un futur aseptisé, truffé de gadgets et autres vaisseaux futuristes…
Seulement, voilà : l’extérieur n’est pas meilleur que Chicago. Non seulement le Bureau (pour la Pureté Génétique) qui accueille les survivants se trouve dans une zone dévastée et irradiée, mais encore faut-il qu’il mette en place une bonne petite dictature de derrière les fagots.
Mais ça, évidemment, les personnages mettent des heures à s’en apercevoir, pendant que le spectateur se demande, d’une part, ce qu’il va faire à dîner et, d’autre part, si un générique de fin va rapidement venir mettre fin à son calvaire. C’est d’une lenteur exaspérante.
D’autant que les lecteurs seront bien en peine de s’y retrouver. C’est même à se demander si quelqu’un, dans l’équipe, a jeté ne serait-ce qu’un coup d’œil au roman. On note, ainsi, la dramatique absence d’Uriah, le meilleur ami de Tobias – celui par qui le malheur arrive malencontreusement. Sans ce ressort narratif, difficile de mener à terme l’intrigue imaginée par Veronica Roth.
Que l’on s’écarte du roman, soit : c’est nécessaire dans une adaptation. Mais de là à la remplir de… grand n’importe quoi alimenté aux vaisseaux spatiaux délirants, aux dialogues cliché et à du remplissage poussif, il y a un pas qu’il aurait mieux valu ne pas franchir.
A cela s’ajoutent les innombrables incohérences et autres erreurs de script qui, sans succès, tentent de combler les lacunes du scénario.
Mais le spectateur n’est pas au bout de ses peines. Au bout de deux heures de blabla et de remplissage sans grand intérêt, on s’achemine vers une conclusion très ouverte… dont le dernier plan révèle – horreur ! – qu’il y aura bien un quatrième opus. Rendez-vous en 2017, donc, pour ceux qui seraient impatients d’en découvrir plus.
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