Le Poison : un roman sans fard sur l’alcoolisme !

Le Poison, Charles Jackson, Belfond

ROMAN ALCOOLISÉ — Quel meilleur titre que Le Poison, pour un roman qui parle sans fard de l’alcoolisme, et de ce qu’il nous pousse à faire quand il nous tenaille ? En cette rentrée littéraire, Belfond réédite le roman de Charles Jackson, paru initialement en France en 1946, nous permettant ainsi de redécouvrir un récit au charme désuet, qui nous conte un long week-end de beuverie.

New York, 1936. Don Birnam est un écrivain raté qui souffre depuis longtemps déjà d’alcoolisme. Son frère Wick et son amie Helen s’inquiètent pour lui, et essaient par tous les moyens de détourner son attention de l’alcool. D’ailleurs, Wick a prévu d’emmener son frère à la campagne pour un long week-end loin de Greenwich Village et de ses bars… Mais Don fausse compagnie à son frère et se retrouve seul pendant un très, très long week-end.

Chaque jour commence donc selon le même scénario : Don se réveille avec un sérieuse gueule de bois. Il constate que la bouteille de whisky achetée la veille est résolument vide. Les effets du manque se font rapidement sentir, et Don est prêt à tout pour avoir sa dose. Quand l’argent vient à manquer, Don est résolu à tous les stratagèmes pour pouvoir acheter de quoi étancher sa soif.

Le Poison, Charles Jackson, Belfond

Tous les effets de l’alcoolisme chronique sont détaillés dans ce roman : accès de faiblesse, pertes de mémoire, mythomanie, délire, cauchemars, et tous les effets possibles et inimaginables du manque. Le résultat ? Un sentiment de malaise indéniable, qui se prête tout à fait à l’intrigue. Nous suivons la chute inexorable du personnage principal, journée après journée. S’il n’y a pas vraiment de suspense à proprement parler, on se demande tout de même comment va se terminer le week-end : Don restera-t-il en un seul morceau ? Arrivera-t-il à sauver la face, à présenter un visage humain à Wick quand il rentrera de la campagne ?

Mais d’où vient cette propension à l’alcoolisme ? Charles Jackson nous jette quelques pistes : l’abandon paternel, la frustration de ne pas percer en tant qu’écrivain, la honte d’un scandale ancien, une homosexualité refoulée… Il évoque même quelques rencontres peu fructueuses avec un psychanalyste et les méthodes de l’époque pour soigner l’alcoolisme… Une scène en particulier retiendra notre attention, lorsque le personnage principal transite brièvement par la salle réservée aux malades ivres à l’hôpital, qui traduit un regard sans concession sur l’alcoolisme, ainsi qu’une critique sociale assez directe. C’était très bien vu.

Cependant, l’auteur maintient une certaine distance entre le personnage et le lecteur, qui ne s’attache jamais vraiment à Don : si Le Poison a de nombreux bons côtés, il n’est pas de ces livres qu’on relira, et dont on conservera le souvenir des années durant. À lire si vous avez aimé Le Buveur, de Hans Fallada !

Le Poison, Charles Jackson. Belfond, collection Vintage, septembre 2016. Traduit de l’anglais par Denise Nast.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

1 Commentaire

  1. Bonjour
    Je suis l’auteur de huit romans de tous genre, dont un en cours de rédaction, sur l’alcoolisme et l’homosexualité.(jeune femme alcoolique vivant avec un homosexuel) pas toujours triste: de l’humour, de l’amour et une intrigue.
    Cordialement

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