Les Vulnérables est un très beau roman écrit par un Américain d’origine coréenne, qui retrace les destins de trois personnages, June, Hector et Sylvie, des années 30 à la fin des années 80. Récit coup de poing, parfois très violent, souvent émouvant, Les Vulnérables s’ouvre sur le récit de June, dans la Corée de 1950, ravagée par une guerre intestine. June n’a que onze ans, et la guerre lui a déjà pris ses parents, et deux de ses frères et sœurs. Elle erre sur les routes avec son petit frère, et sa petite sœur, des jumeaux de sept ans. La faim les tenaille en permanence : ils ne possèdent que les vêtements qu’ils ont sur le dos et une vieille couverture. Par les yeux de June, nous découvrons un pays ravagé par la guerre, la faim, la violence. Un GI la sauve finalement, en l’emmenant dans un orphelinat, où les Tanner, Amos et Sylvie, prennent soin des petits coréens.
Nous retrouvons June à la fin des années 80, aux États-Unis : elle est désormais June Singer, une riche veuve, spécialisée dans le commerce d’antiquités. Mais depuis le décès de son mari, ses relations avec son fils unique, Nicholas, ne sont plus les mêmes. Le jeune homme est parti pour un long voyage en Europe, dont il n’est jamais revenu. Elle demande donc à Hector, le GI qui l’a sauvée autrefois, de l’aider à retrouver son fils.
Roman dense, passant de l’un à l’autre des protagonistes avec fluidité, Les Vulnérables donne des informations au lecteur progressivement, lui permettant de se familiariser au fur et à mesure avec les protagonistes. June est une orpheline coréenne dotée d’une forte volonté, qui a vécu des moments terribles pendant la guerre de Corée. Hector était dans l’armée américaine, chargé d’identifier les corps de ses camarades tombés au combat. Sylvie était la femme d’un pasteur, et tenait avec son époux un orphelinat en Corée.
C’est dans cet havre de paix, au sein d’un pays dévasté, que nos trois personnages se sont rencontrés. Les relations entre eux trois sont complexes, entre amour et haine.
June est mourante quand elle sollicite Hector pour un ultime voyage, sous couvert de retrouver son fils, mais surtout dans le but inavoué de faire la paix avec son passé. Sa vie aura été chaotique. Sa jeunesse aura été marquée par les pires atrocités. Le lecteur sensible sera probablement choqué par quelques scènes à la limite du soutenable : mais cette violence est nécessaire dans la construction de l’intrigue. Chang-Rae Lee nous entraîne dans une page sanglante de l’histoire de son pays d’origine, mais atteint une dimension plus universelle en dévoilant l’absurdité et la violence de la guerre en général, grâce, notamment aux nombreuses références à la bataille de Solferino. C’est un roman passionnant, malgré quelques longueurs au milieu du livre, qui ne peut laisser indifférent. Le style de Chang-Rae Lee, très visuel et fluide, sert une intrigue qui se révèle au compte-goutte, pour le plus grand plaisir du lecteur.
Les Vulnérables, Chang-Rae Lee. Editions de L’Olivier, 7 mars 2013.
Par Emily Vaquié de Café Powell
Je suis en train de lire ce roman j’avais beaucoup aimé « les sombres feux du passé » du même auteur un roman aussi marqué par les mêmes thèmes la mémoire, la guerre qui laisse des traces indélébiles, l’identité, le déracinement qui sont des thèmes universels.Pour en revenir à ce roman je suis entrée très facilement dans l’ histoire tant c ‘est prenant et très fort, universel.Cette histoire me rappelle un peu la mienne , je suis née pendant la guerre du Vietnam et j ai vécu dans un orphelinat pendant 2 ans et demi avant de venir en France.j’en dirai plus une fois que j’aurai lu le roman dans son intégralité .Merci à vous pour votre critique.qui permet d’affiner la lecture d’un roman et d’apporter un autre regard.