The Book of Ivy : mariage arrangé et guerre nucléaire

Lorsqu’une terrible guerre nucléaire ravage la Terre, seuls quelques milliers de personnes survivent à la catastrophe. Rapidement, une ville de rescapés est bâtie au cœur des décombres. Mais cinquante ans après le drame, deux clans se battent toujours pour le pouvoir : les Westfall, famille fondatrice, et les Lattimer, famille présidentielle. Dans cette société post-apocalyptique, le choix n’est plus entre les mains des habitants et le président Lattimer a mis en place un système où contrôle et restriction sont les maîtres mots. Parmi les règles condamnées par le clan Westfall, le mariage forcé. Alors bien sûr, quand une fille Westfall se trouve en âge d’épouser un fils Lattimer, l’occasion est trop belle pour la laisser passer : Ivy Westfall, 16 ans, a pour unique mission d’épouser puis tuer Bishop Lattimer.

Oui, c’est une dystopie. Oui, beaucoup de romans jeunes adultes du moment surfent sur la même vague. Mais, The Book of Ivy est différent. Amy Engel, qui propose ici son premier roman, nous plonge dans un monde pas si éloigné du notre, un monde réaliste en somme. Westfall est une petite ville d’environ 10 000 habitants séparés en deux castes : les Lattimer, qui vivent dans un relatif luxe, et les Westfall, un peu laissés pour compte. La société qui nous est dépeinte est tout simplement fascinante et nous pousse à nous demander : sommes-nous préparés pour une catastrophe nucléaire d’ampleur planétaire ? Sans doute pas…

the-book-of-ivy-tome-1-lumen-editions (1)

Dans ce joli chaos, la petite communauté, réunie par les aléas de la survie, tente de s’en sortir. Est-ce un gouvernement parfait ? Loin de là : le libre-arbitre est quasi-inexistant, les adolescents de 16 ans sont mariés de force pour remédier à l’extinction de l’humanité et les criminels sont condamnés à mort. On notera également la place de la femme rétrograde qui réduit la femme à l’état de fabrique à bébé et punching-ball (selon les hommes sur qui elles tombent). Bref, la vie n’est pas rose. La vie craint sacrément même ! Serions-nous capables de faire mieux en temps de crise ? Quand on voit les débats d’actualité (sur la maternité dès 16 ans, le mariage forcé ou la guerre), on se dit qu’Amy Engel pourrait nous avoir donné un aperçu quasi-prémonitoire… Rendez-vous dans 100 ou 200 ans pour le savoir !

C’est dans cette société futuriste qu’habite Ivy, 16 ans, petite-fille du fondateur de Westfall. Depuis toujours, sa famille a voué une haine sans nom pour les Lattimer, qui n’ont pas hésité à prendre les armes pour contrôler les habitants, qui ont tué sa mère il y a des années et qui forcent les jeunes filles à procréer dès 16 ans. Du moins c’est le point de vue des Westfall, ancré dans le cerveau de la jeune fille depuis sa naissance. Aveuglée par la haine de son père, Ivy ne réfléchit pas et accepte sa mission : tuer Bishop Lattimer.

Ivy, bien que fragile et maladroite, se trouve être un personnage vraiment percutant, son caractère bien trempé la hissant au rang de casse-pied toute catégorie. Elle parle au lecteur à la première personne et au présent, donnant de la force au récit. La voir évoluer au fil des pages permet de se rendre compte de l’influence exercée par son père et sa sœur, la forçant à faire ce dont elle n’a pas la moindre envie. Quand elle prend conscience de la réalité, le lecteur ne l’aime que davantage.

Face à elle, Bishop, 18 ans, beau à souhait, rêveur, engagé… Un mari parfait, si Ivy avait pu faire son choix elle-même. Le jeune homme va ouvrir les yeux de la jeune fille et lui apprendre à voir le monde autrement : et si leurs parents ne leur avaient montré qu’une infime partie du puzzle ?

En bref, The Book of Ivy est un roman palpitant, plein de rebondissements (mais quelle fin !) et qui ravira tous les lecteurs, adolescents, jeunes adultes ou adultes. Chapeau bas à Amy Engel pour ce roman qui mêle à la perfection les différents ingrédients de la dystopie pour nous mitonner une merveilleuse aventure, complexe et puissante. A lire absolument !

The Book of Ivy, Amy Engel. Lumen éditions, mars 2015. Traduit de l’anglais par Anaïs Goacolou. 

Par Séverine

A propos Severine Le Burel 136 Articles
Littéraire dans l’âme, j’attends d’un roman, film, ou fiction de l’émotion, des bouleversements, un ouragan de sentiments… Bref, j’aime qu’une histoire me touche et me transforme.

2 Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.