Dorothy Parker de retour dans Le cercle des plumes assassines

Le Cercle des plumes assassines, J. J. Murphy, Baker Street

Dorothy Parker, figure emblématique du monde littéraire des années folles, prend corps dans ce roman pour nous faire vivre une aventure digne des plus grands polars de l’ancien temps. Où sommes-nous ? A l’Hôtel Algonquin sur la 44è rue, au cœur du Manhattan des années 1920. Y siège un cercle littéraire, « le cercle des vicieux » diraient certains, composé des plumes les plus acérées de l’époque : Dorothy Parker en tête, accompagnée de Robert Benchley, Robert Sherwood, Alexander Woollcott et même la jeune recrue William Faulkner. Pourtant, la tranquillité relative de la Table Ronde est mise à rude épreuve quand, un beau jour, Dorothy trouve un cadavre maladroitement dissimulé sous la nappe. Nos amis écrivains, critiques, journalistes, sont d’autant plus touchés que la victime a été touchée en plein cœur par une plume…

Une ambiance feutrée, champagnisée et bourgeoise. Parfois ampoulée. Les différents protagonistes évoluent à un rythme soutenu, échangeant des dialogues piquants et savoureux. Hélas, parfois en excès. Point noir donc, le lecteur se lasse de tant de cérémonie, s’ennuie de ces conversations à rallonge, se perd dans le flux de parole sans fin. Si bien, que l’intrigue oscille entre pièce de théâtre et roman policier.

Le Cercle des plumes assassines, J. J. Murphy, Baker Street

On notera cependant la présence de personnalités connues au sein d’une réalité historique. Les néophytes liront cette aventure comme n’importe quel autre du même genre ; les fins connaisseurs se réjouiront de retrouver les écrivains phares du 20è siècle. Dorothy Parker, pour ne citer que l’héroïne, sobrement surnommée Dotty par ses confrères et connue pour son franc-parler, montre ici tout son talent d’oratrice à la répartie cinglante. Toutes ses remarques acides apportent un humour appréciable à l’intrigue, ponctuant l’enquête de scènes typiques de l’époque et autres joutes verbales saisissantes.

Mais le point fort de ce roman, outre les personnages, l’intrigue, l’enquête, c’est bel et bien l’univers des requins new-yorkais. Le lecteur est plongé dans une époque révolue, où auteurs, bandits et calèches se côtoient dans un joyeux capharnaüm. J.J. Murphy, amateur de la fine plume des années 1920, a voulu retranscrire au mieux le quotidien de cette société très fermée. Le Cercle des plumes assassines est le premier roman d’une série de trois histoires mettant en scène Dorothy Parker et ses compagnons. Ce premier opus a obtenu le prestigieux prix Agatha de littérature policière.

Le cercle des plumes assassines, J.J. Murphy. Editions Bakerstreet, avril 2015. Traduit de l’américain par Hélène Collon.

 

Par Séverine

A propos Severine Le Burel 136 Articles
Littéraire dans l’âme, j’attends d’un roman, film, ou fiction de l’émotion, des bouleversements, un ouragan de sentiments… Bref, j’aime qu’une histoire me touche et me transforme.

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