Intouchables : autrefois, c’était une caste en Inde, de personnes mises au ban de la société. Dans le roman de Gilles Fontaine, les adolescents sont bel et bien devenus des intouchables le jour où une étrange maladie, une grippe impitoyable, a commencé à ravager la planète. Seuls sont épargnés les adolescents, que l’on soupçonne très rapidement de propager la maladie. Thomas est lycéen et assiste, impuissant, au durcissement des mesures à l’égard des jeunes et la méfiance grandissante à son égard, en tant qu’adolescent, même au sein de sa propre famille. Les adolescents sont finalement mis à l’écart. La société est en déroute, plus rien ne fonctionne en France, car les habitants se terrent chez eux. Enfermé dans un camps avec ses camarades de classe, Thomas assiste à la création d’une société en miniature, avec ses tyrans, ses règles. Il leur faut rester solidaires, conserver leur humanité.
Le livre est court mais l’on sent la tension augmenter au fil des pages : l’histoire de Thomas se lit très rapidement et l’atmosphère, oppressante, nous permet de nous immerger complètement dans l’intrigue. La question des libertés et du bien commun sont au centre de l’intrigue : l’état peut-il avoir tous les droits, quand la santé de chacun est en jeu ? Peut-on impunément tourner le dos à toute une frange de la population pour prévenir un risque sanitaire ? A-t-on le droit de séparer des familles, d’enfermer des jeunes comme des criminels pour éviter une contagion ? Le roman de Gilles Fontaine fera réfléchir les plus jeunes sur ces questions d’importance. Thomas lui-même place la liberté au centre de sa réflexion.
Le récit étant court, il se doit d’être efficace : Gilles Fontaine ne s’embarrasse pas de fioritures et va droit à l’essentiel. Le résultat est donc un style un peu fade, qui crée une distance entre le lecteur et le personnage. On ne parvient pas tout à fait à s’attacher à Thomas ou à ses amis. C’est dommage, car le livre a par ailleurs tous les atouts en main pour séduire le jeune public.
Les Intouchables, Gilles Fontaine. Le Seuil, juin 2013.
Par Emily Vaquié