Manhattan Transfer, John Dos Passos

Pour Virginia Woolf, ce fut Londres. Pour James Joyce, Dublin. Pour John Dos Passos, ce sera New-York. New-York, terre de promesses et de désillusion, New-York à l’honneur dans Manhattan Transfer, roman retraçant l’évolution d’une poignée de personnages dans le New-York du premier quart du vingtième siècle : dans Manhattan Transfer, c’est le New-York d’un début de siècle, le New-York qui contemple de loin la guerre en Europe, et enfin, le New-York de la prohibition qui se dévoilent au fil du récit, en suivant les courants de pensée d’Ellen Thatcher, enfant du siècle, de Congo Jake, marin polymorphe, de Jimmy, journaliste ou alors de l’avocat Georges Baldwin.

New-York, en ce début de vingtième siècle, est la porte de l’Amérique, un haut lieu de la bourse, un endroit où tout est possible. Et pourtant, Dos Passos nous montre l’envers du décor : des gens subitement ruinés, des idylles qui se font et se défont, un monde à la violence latente. Grâce à des personnages hétéroclites, il touche à toutes les strates de la société : de la jeune Ellen, danseuse et mondaine à Anna, une jeune fille juive qui rêve d’un bon mariage. Jimmy et Ellen sont probablement les personnages principaux : le roman s’ouvre pour ainsi dire sur l’arrivée à l’hôpital d’un homme angoissé, dont la femme vient de donner naissance à leur premier enfant. Ce sera Ellen, personnage ambigu et variable, tantôt Elaine, tantôt Helena, mais pour le lecteur, toujours Ellen. Une jeune fille de bonne famille, qui triomphera sur scène et évoluera dans le monde du théâtre et du beau New-York. Jimmy, lui, n’est au début qu’un petit garçon vivant seul avec sa mère, la belle Lily. Autour d’eux gravitent des personnages tous plus ou moins liés.

Dos Passos passe sans effort d’un personnage à l’autre : le lecteur, lui, a parfois un peu de mal à suivre. Très peu de repères temporels jalonnent le récit, au lecteur de deviner le contexte. Nous assistons à des tranches de vie, nous pénétrons dans la vie de quelques personnages, des évènements peut-être insignifiants, mais qui contribuent à bâtir une image d’ensemble, l’image d’un New-York vivant, du New-York d’avant la crise de 1929, d’avant les grands gratte-ciels. Si la technique dite du « stream of consciousness » peut déstabiliser, elle est ici plus accessible et plus agréable à lire que dans Mrs Dalloway. Lire Manhattan Transfer, c’est lire New-York.  C’est un grand roman sur bien des aspects.

Etat : New-York
Jusqu'au 1er novembre

 

Jusqu'à Noël 2011
A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

4 Commentaires

  1. Ton billet me donne très envie de découvrir ce roman, que j’ajoute vite à ma LAL…. J’aime la ville de New York et tout ce qui s’y rapporte, et c’est l’occasion d’en lire encore…
    Hop, billet ajouté ! Bon dimanche.

  2. Ton billet me donne très envie de découvrir ce roman, que j’ajoute vite à ma LAL…. J’aime la ville de New York et tout ce qui s’y rapporte, et c’est l’occasion d’en lire encore…
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  3. Bonjour,
    Le challenge histoire devient un challenge perpétuel si ça t’intéresse. C’est Lynnae (de livraddict) qui reprend le flambeau.
    Si tu as reçu un message de Bénédicte, merci de ne pas en tenir compte car elle n’a pas mon autorisation pour la reprise du challenge.
    A bientôt

  4. Bonjour,
    Le challenge histoire devient un challenge perpétuel si ça t’intéresse. C’est Lynnae (de livraddict) qui reprend le flambeau.
    Si tu as reçu un message de Bénédicte, merci de ne pas en tenir compte car elle n’a pas mon autorisation pour la reprise du challenge.
    A bientôt

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