Psychose, Robert Bloch

Psychose est un film mondialement connu, un des plus grands succès d’Alfred Hitchcock. Pourtant, peu de gens savent que Psychose est en réalité une adaptation, tirée du roman du même nom, écrit par Robert Bloch peu de temps avant le film. L’auteur, dont le livre est basé sur un fait divers troublant, accepte les six mille dollars qu’on lui propose pour l’achat des droits de son livre, sans savoir qu’il aurait mieux fait de demander un pourcentage sur les entrées du film !

Nouvelle édition chez Moisson Rouge

Rare est le lecteur qui se lance dans Psychose sans savoir de quoi il retourne : la scène de la douche est suffisamment célèbre, même pour les jeunes générations. Car Psychose, cinquante ans déjà après sa sortie en salle, continue d’être vu et revu. Rappelons tout de même l’histoire : Mary Crane (Marion dans le film) s’enfuit de chez elle après avoir dérobé une très grosse somme d’argent à son travail afin de pouvoir enfin épouser son fiancé. Sur le chemin qui la mène chez son promis, elle s’arrête dans un petit motel, sur une route secondaire. Seule cliente de l’endroit, elle rencontre le gérant, Norman Bates, un homme troublant, qui vit seul avec sa mère…

Difficile d’aborder ce roman donc, sans entendre mentalement la bande-son inimitable du film. Impossible, également, de se mettre dans la tête de quelqu’un qui n’aurait jamais vu le film d’Hitchcock. Psychose est un des rares films que j’ai l’impression de connaître par coeur. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu ce livre, car le film est vraiment très fidèle au roman de base : certaines scènes y sont rigoureusement semblables, jusqu’aux dialogues. L’on rentre dans ce roman avec un a-priori, cependant. Le livre est-il meilleur que l’adaptation? Peut-il vraiment surpasser le film?

Il ne ferait pas de mal à une mouche.

Nous faisons donc la connaissance de Norman Bates, l’unique Norman Bates, celui voulu par l’auteur. Une des rares différences entre le film et le livre repose sur l’âge de Norman : s’il est jeune et fringant, presque séduisant, et très ambigu dans le film, il a en réalité une quarantaine d’années dans le livre. Le livre nous permet d’accéder directement aux pensées de ce personnage fascinant. Cependant, Hitchcock a su faire de ce personnage quelque chose de plus que ce quadragénaire solitaire et perturbé. Il a su créer sa propre mythologie, ce qui explique que cinq décennies après, Psychose soit encore et toujours un des classiques du cinéma. Les ajouts d’Hitchcock sont subtils : les jeux d’ombre et lumière, la musique, le noir et blanc contribuent à la construction de l’atmosphère. Dans le livre, cette atmosphère effrayante est désamorcée par le style presque enfantin de l’auteur. Le livre est court, écrit simplement, et se lit vite. L’adaptation a donné une profondeur nouvelle aux personnages, et aux lieux. Ce motel miteux et vide, au bord d’une route sur laquelle plus personne ne passe, surplombé par une maison sinistre. N’est-ce-pas un décor grandiose? Ajoutez-y la pluie, voire l’orage, et vous aurez une idée de ce que vit Mary en se garant devant le Bates Motel.

Je crois avoir aimé parce que le film est un de mes préférés. Je ne sais pas quelle aurait été ma réaction si j’avais lu ce roman sans savoir comment il se terminait. Car Robert Bloch sait tout de même ménager ses effets : tout est ambiguité, il sème ici et là des indices, jusqu’à la révélation finale, qui choque cependant moins que celle du film. Oui, me direz-vous, nous avons compris : tu as préféré le film. Je sais, c’est flagrant. C’est pourtant rare que je préfère l’adaptation à l’oeuvre originale. Mais Psychose est un de ces rares cas.

Oui, le manoir Bates a inspiré la maison hantée Disney.

Dans l’édition proposée par Moisson rouge, l’on trouve un compte-rendu au sujet de l’affaire qui a inspiré Robert Bloch, un fait divers sordide et plutôt écœurant, qui fait passer Norman pour un petit joueur. A noter aussi, une interview de l’auteur (décédé à ce jour) qui donne son point de vue sur le film, et nous raconte comment il en est venu à se faire adapter par Hitchcock. Cet entretien m’a rendu l’auteur vraiment sympathique. A lire, donc, comme une genèse du film d’Hitchcock.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

5 Commentaires

  1. Je ne connaissais pas ce livre et je lirai aussi car j’ai revu récemment le film… et j’ai envie de découvrir toutes les infos concernant le film etc… Maintenant quand il y a des grosses tempêtes et que je conduis, je dis toujours que c’est une tempête à la psychose etc…

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