Film noir à Odessa, William Ryan

Alors que Le Royaume  des voleurs vient de sortir en poche chez 10/18, les éditions Les Deux Terres publient le second tome des aventures de l’inspecteur Korolev, un milicien russe dans l’URSS stalinienne. Dans le premier livre, Korolev avait été décoré et montré en exemple. Dans le second, sa vie est pourtant de nouveau en danger.

Pourtant, un soir de l’hiver 1937, le NKVD frappe à sa porte. Ce n’est pas la déportation au goulag qui l’attend, mais une nouvelle enquête mandatée de très haut, sur le meurtre d’une jeune et jolie femme. Conscient de la précarité de sa situation, Korolev n’a d’autre choix que de se rendre à Odessa, en Ukraine, sur le tournage du film où la jeune femme a été assassinée. Alors que Korolev mène l’enquête, il ne peut que craindre le résultat de sa quête. Un très haut personnage de l’état soviétique est lié à la défunte…

Les romans de William Ryan possèdent une atmosphère bien à eux, et allie le suspense le plus maîtrisé à l’atmosphère la plus pesante. Grâce au personnage de Korolev, milicien bourru et intègre, le lecteur découvre la vie au quotidien à l’époque de la terreur stalinienne. Nous sommes en 1937, la famine et la répression font rage partout sur le territoire soviétique. Chaque citoyen est sur la sellette et peut être accusé de trahison envers la révolution et le parti. Korolev est à un poste dangereux, et son instinct de conservation et son esprit professionnel entrent parfois en conflit. Certaines de ces enquêtes mouillent des personnages très importants. C’est le cas dans Film noir à Odessa. La jeune femme assassinée n’est autre que la maîtresse d’un proche de Staline. Korolev marche donc sur des charbons ardents.Il risque sa place, sa vie, et celles de ces proches.

Korolev pénètre dans le monde fermé du cinéma soviétique, et doit interroger réalisateurs, actrices, figurants. Difficile, parmi cette foule, de dénouer les fils du meurtre de Macha, jeune femme irréprochable…Épaulé par une jeune milicienne enthousiaste, Korolev va de surprise en surprise.

L’intrigue du roman est efficace : elle intrigue le lecteur, le ferre, pour ne plus le lâcher. L’ambiance, lourde de menaces voilées, rend à la perfection le climat de la fin des années trente en URSS. Les paysages et le personnages sont décrits avec beaucoup de réalisme et rendent bien compte de cette période sinistre. Korolev incarne à la perfection l’homme d’une époque passée, qui a connu la guerre, et la révolution, et a parfois la nostalgie de l’époque tsariste. Il est constamment obligé de se surveiller, et de dissimuler par exemple ses croyances religieuses. Sur le qui-vive, il est d’autant plus attachant et n’est pas sans évoquer son équivalent allemand, Bernie de la Trilogie berlinoise.

On retrouve donc avec beaucoup de plaisir l’univers et le style de William Ryan. A quand la suite ?

Film noir à Odessa, William Ryan. Les Deux terres, 2012.

A propos Emily Costecalde 1157 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

4 Commentaires

  1. J’ai lu « Le royaume des voleurs » l’année dernière et j’avais beaucoup aimé. L’intrigue policière était bien développée et le contexte historique était très intéressant. Apparemment ce deuxième tome a l’air tout aussi bien que le premier. Je croyais qu’il devait sortir en avril et non en mars, l’important c’est qu’il soit sorti !

  2. J’ai lu « Le royaume des voleurs » l’année dernière et j’avais beaucoup aimé. L’intrigue policière était bien développée et le contexte historique était très intéressant. Apparemment ce deuxième tome a l’air tout aussi bien que le premier. Je croyais qu’il devait sortir en avril et non en mars, l’important c’est qu’il soit sorti !

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