Saint-Valentin et happy ends

Ah, la Saint-Valentin. Si vous êtes célibataire, vous vous dites probablement que, pfff, de toute manière, c’est une fête commerciale et vide de tout sentiment. Et si vous êtes en couple, vous vous rendez peut-être compte qu’on est le jour J, et que vous n’avez pas réservé de restaurant, ni prévu de roses, et que, manque de pot, tous les restaurants sont complets, même les plus mauvais, et que le fleuriste est dévalisé. L’un dans l’autre, vous allez sûrement finir dans votre canapé, seul ou accompagné, devant un film romantique, ou avec un roman d’amour.

C’est quoi le film romantique par excellence aujourd’hui ? Franchement, quand on regarde bien, il semblerait que l’histoire d’amour qui finit mal, comme dans une chanson des Rita Mitsouko, passionne plus les foules que les gentilles comédies romantiques. Sérieusement, qui se souvient de l’intrigue de Valentine’s day ? Par contre, tout le monde se souvient de la scène dans la voiture dans Titanic, ou de Ewan Mcgregor entonnant Your song dans Moulin Rouge. Si on regarde les plus grands films d’amour, ça finit mal : Love story, elle meurt, Moulin Rouge, elle meurt, Titanic, il meurt, Roméo + Juliet, ils meurent tous les deux, et tout le monde pleure à la fin. 27 robes ? On se marre à la fin, certes, mais honnêtement, deux semaines après, on ne sait plus de quoi ça parle. Il faut croire qu’on se passionne pour les films d’amour tristes. Est-on masochiste ? Se sent-on plus vivant face à la souffrance d’autrui ? Allez savoir.

Du point de vue des livres, c’est pareil. Beaucoup tiennent Roméo et Juliette, de Shakespeare, pour la plus belle histoire d’amour qui soit (généralement, ce sont des gens qui ne l’ont pas lu, et qui déchanteraient vite s’il découvrait que Roméo est un sale gosse suicidaire et Juliette bien pressée de consommer son union avec son freluquet. Une crise d’adolescence, en fait. Mais c’est une pièce géniale, qu’on n’en doute pas !). Autant en emporte le vent est aussi sur le podium des plus belles histoires d’amour. Pourtant, désolée, cela ne se finit pas bien. Il faut croire que le lecteur lambda fantasme plus sur une histoire d’amour impossible, ou tragique que sur un happy end. Certes, l’engouement récent pour les bluettes érotico-sentimentales semblent démentir la passion du lecteur pour l’histoire d’amour tragique. On verra bien ce qui restera dans les mémoires dans quelques décennies.

Donc, aujourd’hui, Saint-Valentin. Serez-vous plutôt devant Edward aux mains d’argent (qui ne pleure pas à la fin ?) ou en train de relire La Princesse de Clèves ? Ou alors, peut-être que vous êtes juste organisé, et que vous aurez votre table dans votre restaurant préféré, qui sait ?

Toute l’équipe de Café Powell vous souhaite une bonne Saint-Valentin.

Par Emily

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

3 Commentaires

  1. J’adore !
    Roméo, on parle bien du mec qui enferme sa dulcinée dans un tombeau? Franchement, je comprends pas, c’est hyper romantique! Très bon article, en tout cas 😉
    Et, bonne Saint-Valentin! -oui, quand même!

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