Nous avions découvert Catherine Charrier l’année dernière avec L’Attente, un premier roman touchant et subtil. Cette fois, Catherine Charrier s’est attelée à la rédaction d’un recueil de nouvelles sur nous, les femmes : filles, mères, sœurs, maîtresses…Elles sont toutes au cœur de nouvelles fortes, écrites avec beaucoup de sensibilité.
Le recueil s’ouvre sur « Le bal américain », la nouvelle la plus longue, la plus aboutie, et la plus touchante : c’est l’histoire de l’apprentissage de la féminité, dans les années 50, avant l’ère de la pilule et de l’IVG. Une jeune fille se rend à un bal et fait une rencontre qui va changer sa vie : difficile d’en dire davantage sans déflorer l’intrigue. Ce récit de vie est d’une justesse rare. On s’attache à l’héroïne, à son histoire : avec elle, on ressent tristement le temps qui passe. Les nouvelles qui suivent sont plus courtes, mais également subtiles et saisissantes.
Catherine Charrier a un talent certain pour faire un véritable récit, à partir d’anecdotes. Ce sont des histoires presque banales, qui auraient pu arriver à nos mères, nos grand-mères, voire à nous-même. Mais le style de Catherine Charrier transcende le quotidien, la trivialité, pour en faire de la littérature, mais également une réflexion sur les femmes, sur ce qu’est la féminité à l’heure actuelle, et sur les combats qui ont mené à cette définition. Catherine Charrier évoque la liberté toute neuve des femmes, durement acquise au siècle dernier, la libération des mœurs, les dangers, aussi, parfois, qui guettent les femmes, sous de multiples formes.
Ces nouvelles se dévorent, se lisent d’une traite, même si l’on n’est pas féru de nouvelles. Ces histoires nous parlent, résonnent en nous. C’est là tout le talent de Catherine Charrier, qui fait encore plus fort qu’avec son premier roman.
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