L’histoire sans fin, Michael Ende

Gros succès des années 80, L’Histoire sans fin réussit à plaire aussi bien aux enfants et aux adultes, séduisant les uns pour les aventures palpitantes des personnages, et les autres pour la réflexion sur le pouvoir de la lecture et l’imagination que nous propose l’auteur.

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Le héros, Bastien, n’a justement rien d’un héros tel qu’on les connaît : enfant timide, mal dans sa peau, et martyrisé par les élèves de sa classe, Bastien mène une vie sans relief et sans satisfaction autre que celle qu’il tire en lisant. Quand, par hasard, il passe la porte de la librairie de Monsieur Koreander, il ne se doute pas que sa vie va changer à jamais. En effet, dès que le libraire lui tourne le dos, Bastien remarque un livre intitulé L’Histoire sans fin. Intrigué, Bastien décide de le dérober et de se dissimuler dans le grenier de son école afin de le lire. Très vite, il se rend compte que ce n’est pas un livre comme les autres, et se retrouve aspiré dans une histoire où il est question d’une quête, d’une petite impératrice malade et de héros tous plus étonnants les uns que les autres.

Si L’Histoire sans fin a tant fasciné de lecteurs, c’est probablement parce que ce livre met en scène ce dont nous rêvons tous : la possibilité de rentrer dans un monde fictionnel, d’en rencontrer les personnages, de façonner l’histoire. N’importe quel lecteur se sentira une quelconque connivence avec Bastien, enfant rêveur à l’imagination débordante, qui parvient à s’affranchir de ses complexes grâce à la fiction. Il est vrai, cependant, que Bastien va un peu « trop loin » en modelant l’histoire et devient vite insupportable. Néanmoins, c’est une expérience qui lui apporte beaucoup et qui amène le lecteur à se demander ce que lui aurait fait si on l’avait catapulté dans un monde d’inspiration fantasy avec la consigne de faire ce qu’il lui plaît. Bastien n’est certes pas un personnage des plus attachants, mais il parait plus « humain » que la plupart. De ce point de vue là, c’est une réussite totale de la part de l’auteur.

Auteur qui impressionne par la complexité et l’originalité du monde construit et qui fait réfléchir sur le rôle du lecteur sur un livre ! Il est vrai que si l’on se figure un livre comme une histoire amenée à se répéter dès qu’un nouveau lecteur l’ouvre, chaque histoire est au fond « sans fin » et varie selon nos désirs : on a tous une idée différente de l’aspect physique de tel ou tel personnage, on se représente tous la tour d’ivoire de manières dissemblables, on interprète tous un passage de façon unique. Sans lecteur, le livre meurt : d’où le rôle si important de Bastien pour le monde fantastique. Sans lecteur pour lui donner un nom, la « lire », la petite impératrice s’éteint : elle ne vit que dans l’imagination du lecteur.

Néanmoins, je me suis rapidement lassée, et la fin m’a parue très longue. Contrairement à la plupart des gens, je n’ai pas vraiment aimé ce livre. Bastien est certes un personnage complexe, Atreju et Furchur sont effectivement des personnages originaux et uniques à leur façon, mais j’ai été assez déçue par leur côté désespéremment bons. Bastien n’est pas toujours « gentil », et ça lui donne de la profondeur, mais Atreju reste toujours loyal à son pays, et ne semble nourrir aucune ambition pour lui même, ce qui le rend assez fade.

Finalement, l’intérêt majeur de ce livre est probablement la réflexion sous-jacente sur la littérature, et le rôle du lecteur.

L’Histoire sans fin, Michael Ende. Le Livre de poche, 2008.

Cet article a été publié initialement le 13 septembre 2010.

13 Commentaires

  1. Un roman que j’ai lu enfant, je me souviens encore du jour où ma mère et moi l’avons acheté en librairie, ce n’était pas la même couverture. J’avais beaucoup aimé à l’époque mais je me rends
    compte que je m’en souviens très peu ! Un autre livre de Ende est à lire c’est « Momo » !

  2.  Lorsque j’étais enfant, ce n’est pas le livre que j’ai lu, mais le film que j’ai vu. Il m’a fallu quelques années pour bien comprendre ce qui se passe… et c’est il y a tout juste six
    mois, alors que je devais faire un travail pour mon cours de théorie de la littérature, que j’ai vraiment compris à quel point « l’histoire sans fin » était un petit chef d’oeuvre :
    « bibliothérapie », de Marc-Alain Ouaknin est un petit bijou qui montre comment la fiction peut intervenir dans la vie bien réelle.

     

     Superbe blog !

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    ______________________

    Cher(e)s prévenu(e)s,
    Un tout nouvel article est en ligne !

    > En page 9 « Les aventures de Luc Vilmeidr – Tome I » de Christian Barth.

    Un livre magnifique, que je vous conseille vivement, de plus l’auteur est vraiment formidable et d’une gentillesse sans pareille 😉

    A très bientôt !
    Bonne fin de journée à vous

  4. Quand j’ai lu ce livre à l’âge de onze ans, il est clair que je préférais le personnage d’Atréju parce que c’est un « vrai héros », sans peur, sans reproche, digne, noble et tout le tremblement, et
    en plus, il a un magnifique allié en la personne de Fuchur. Ajoutons à cela le fait que c’est lui, le « vrai » personnage principal du film (que j’avais déjà vu plusieurs fois et que j’aime
    toujours beaucoup).

    Par contre, je trouve que maintenant le personnage de Bastien est plus intéressant. Atréju est trop « lisse » car « trop parfait ». Au contraire, Bastien est bien plus humain : il a de bonnes
    intentions mais comprend mal ses propres aspirations, et en vient à bien mal utiliser les dons merveilleux qu’il a reçus. La fin prend vite forme de voyage initiatique, entre la désillusion puis
    la construction d’un nouvel espoir jusqu’à une véritable renaissance.

    En fin de compte, Bastien a grandi en lisant l’Histoire sans Fin et en y entrant. N’est-ce pas là le plus important, pour les adultes que nous sommes, de savoir que nous avons nous-mêmes grandi ?

    Hé, mais je tiens là des idées pour un article sur ce livre que j’aime tant… Merci de m’y avoir incité 🙂 !

     

    A bientôt, et au plaisir de revenir ici !

  5. Comme toi, j’ai beaucoup apprécié toute la partie sur la lecture, et la réflexion menée autour, alors que Bastian (dans mon édition, c’était Bastian) m’a rapidement tapé sur le système et qu’Atreju me semblait vraiment fade. Je n’ai pas vu le film, en revanche !

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