Fils de Sam, portrait d’un serial killer

David Berkowitz : ce nom ne vous dit peut-être rien. C’est celui du « fils de Sam », du « tueur au calibre .44 », qui a terrorisé New York lors du terrible été 1977. Arrêté au mois d’août 77, Berkowitz purge encore sa peine à perpétuité, une de ces peines dont les Américains raffolent, qui cumulent les siècles de détention. Berkowitz est aux Etats-Unis l’un des tueurs en série les plus connus : un film, réalisé par Spike Lee, lui a même été consacré. Des livres en pagaille ont tenté d’explorer la psyché de cet homme torturé, schizophrène, aux inspirations satanistes. Mais en France, le « fils de Sam » reste inconnu. Jusqu’au livre de Michaël Mention : mi-fiction, mi-documentaire, le livre de Michael Mention alterne des plongées au cœur même des pensées  du tueur, et des passages plus documentaires, sur l’époque, sur l’enquête. La mise en contexte et les pensées romancées du tueur contribuent à dresser un portrait complet et juste d’un homme ambigu et terrible.

7768895782_fils-de-sam-un-livre-de-michael-mention

Ce processus d’écriture si particulier fascine le lecteur, en montrant comment s’est construit la folie de Berkowitz. L’auteur explore toutes les pistes, rouvre le dossier, perdant certes un peu son lecteur, mais le captivant comme jamais. Photos, lettres, dessins émaillent le récit, rendant le tout plus tangible. L’été 77 semble le paroxysme d’une époque troublée et violente, après l’assassinat de JFK, le chaos du Vietnam, les émeutes, la crise pétrolière. On s’y croirait presque, et ça fait terriblement froid dans le dos. Les meurtres de Berkowitz sont froids, aléatoires, terribles. Ses ratés laissent des personnes paralysées, aveugles, traumatisées. Michaël Mention nous conte également l’histoire de ces victimes, et le récit n’en est alors que plus terrible. C’est impressionnant.

A travers l’été meurtrier de 1977, Michaël Mention retrace également l’histoire d’une nation sur une décennie, et d’une jeunesse qui se cherche et qui s’égare parfois dans la drogue et le satanisme. Ce sont encore une fois des anecdotes qui font froid dans le dos. Entre roman et essai, Fils de Sam est véritablement un livre inclassable.

Fils de Sam, Michael Mention. Ring éditions, 16 janvier 2014.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.