En 1988, l’auteure-journaliste féministe Benoîte Groult publiait Les Vaisseaux du cœur. C’est l’histoire d’une parisienne, bourgeoise à souhait, qui s’éprend d’un pêcheur, breton à souhait. Leur histoire débute à un bal, tout ce qu’il y a de plus banal. Mais très vite, le langage du corps prend le pas sur la raison. Alors que tout les oppose (mariage, classe sociale), ils vont s’aimer à travers les âges, se retrouver à travers le monde. Contre vents et marées (littéralement parlant), les deux amants se cherchent ou se perdent pour mieux se revoir et… s’envoyer en l’air !
En 2014, Josiane Pinson adapte le roman et Jean-Luc Tardieu le met en scène. A eux deux, ils font de cette aventure romantique -disons même érotique- un moment magique et drôle. Sensuel. Au milieu d’un décor épuré et de draps blancs, seuls deux acteurs occupent l’espace pour faire face à une petite salle comble : Josiane Pinson endosse le rôle principal, celui de la bourgeoise cultivée et amoureuse, et Serge Riaboukine interprète le rôle du breton un peu rustre, mais très amoureux. Le couple d’acteurs convainc sans peine et joue de sa complicité.
Certains diront que l’histoire tourne en rond. D’autres que l’amour, y en a marre ! Mais Les Vaisseaux du coeur, c’est tout autre chose. Oui, Les vaisseaux du coeur, c’est avant tout une voix. Une seule. Celle de Josiane Pinson. Une voix profonde, douce, envoûtante. De sa seule voix, elle monopolise l’espace et le temps. De sa seule présence, elle magnifie l’acte charnel. Car oui, c’est bien de sexualité qu’il est question ici. Deux corps qui s’attirent et deux esprits vagabonds. L’homme et la femme perdus dans le plaisir. « Comment émouvoir en disant coït ? »
Sans tabou, Josiane Pinson se livre corps et âme devant un public conquis, aux côtés d’un bougre de compagnon. Charmant.
Les vaisseaux du coeur, au Théâtre du Petit Montparnasse, Paris.
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