Gary tout seul, Sophie Simon

Après American Clichés en 2011, Sophie Simon renoue avec le thème qui lui est cher : l’Amérique, ici incarnée par Gary Morrow, jeune loup aux dents longues, qui a quitté l’ennuyeuse Cleveland pour un New York plein de promesses. A Wall Street, l’ambition n’a pas de limites. Désormais marié à la sublime Ashley, qui lui a ouvert les portes du New York des puissants (à la manière du héros de Park Avenue), il travaille dans l’entreprise de beau-papa et rêve de suivre les traces de son beau-frère dans la salle des marchés, où, de petit comptable, il pourrait devenir trader.

Derrière lui, il a laissé une mère dans la fleur de l’âge qui enchaîne clope sur clope, et surtout Franck, son ami d’enfance. Autrefois, ils étaient inséparables. Franck avait tout : une famille plutôt chouette, une jolie maison avec un jardin soigné, de bonnes notes, des facilités en sport, et il était même beau garçon. Un jour, entre les deux garçons, une bagarre tourne mal. Franck dit adieu à son avenir, et Gary court au devant du sien, dans une véritable fuite en avant désespérée, laissant sa petite amie Tracy et sa mère. Des années plus tard, ces deux femmes refont surface dans sa vie. Tracy vient de quitter Franck, qu’elle a épousé après le départ de Gary et Melany vient trouver le père de Gary, qu’il n’a pour ainsi dire pas connu. Gary est alors confronté à son passé.

Grâce à un style visuel et efficace, Sophie Simon nous plonge très rapidement dans le quotidien de ses personnages. Sa plus grande réussite dans ce roman, c’est indéniablement son personnage principal, Gary, qui, sous des dehors avenants, cache une agressivité parfois mal contenue et quelques défauts peu reluisants qui lui donnent toute sa complexité. Bien loin d’un héros lisse et sans aspérités, Gary possède une part d’ombre véritablement bienvenue. Si l’intrigue reste plutôt convenue, elle explore de manière plutôt réussie les relations familiales : Gary a déjà suffisamment à faire avec sa belle-famille, pour que sa famille biologique n’en rajoute pas ! Et pourtant, voilà la mère qui débarque dans une voiture bling bling, criant au monde que Gary n’est pas ce qu’il s’efforce de paraître, et le père qui réapparaît, avec son bronzage too much et ses implants capillaires. Les situations sont drôles, et quelques scènes tendres ponctuent le récit. Le lecteur reconstitue le passé de Gary par petites touches. Celui-ci tente de se retrouver, entre le personnage qu’il s’est construit et la réalité de sa personne.

Gary tout seul est un roman dont les pages se tournent toutes seules. Idéal pour se détendre le week-end, en s’imaginant à New York…ou à Cleveland !

Gary tout seul, Sophie Simon. Jean-Claude Lattès, 2014.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

1 Commentaire

  1. Je note celui-là aussi sur ma liste d’achats. En grande amatrice de nouvelles, j’avais beaucoup aimé American clichés. J’ai hâte de voir ce que peut donner la plume de Sophie Simon sous la forme du roman.

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