Les Chroniques de Lady Yoga : tales of the City (of Angels) ?

San Francisco avait ses chroniques, écrites des années 70 à nos jours par Armistead Maupin : Rain Mitchell (un pseudonyme sous lequel se cache en réalité Stephen McCauley) semble avoir eu l’ambition d’écrire les Chroniques de Los Angeles, sans pour autant arriver à la peinture sociale et culturelle des Chroniques de San Francisco. Le parallèle est pourtant là : autour d’un lieu (le 28, Barbary Lane chez Maupin, le studio de yoga chez Mitchell) et d’un gourou (Anna Madrigal à San Francisco, Lee à Los Angeles) se réunit une bande de joyeux drilles, dont les vies se croisent. La narration de Mitchell rappelle de façon troublante celle de Maupin, même si notre cœur penche toujours fortement en faveur de ce dernier. 

Trêve de comparaison : bienvenue en Californie, plus précisément à Los Angeles, la ville des étoiles. A LA, la mode est au yoga depuis quelques années. Lee et son mari Alan possèdent un studio, où Lee dispense ses cours de yoga. Bienveillante et donc très appréciée, Lee est de ces profs qui préfèrent aider les gens plutôt qu’engranger les profits, une attitude qui déplaît fortement à Alan, musicien ambitieux qui n’arrive pourtant pas à grand chose. Au début du roman, le couple de Lee et Alan bat de l’aile : quand YogaHappens, le « Starbucks » du yoga propose à Lee et Alan de les débaucher contre un gros salaire et une couverture santé imbattable pour toute la famille, Lee se sent obligée d’accepter pour préserver son mariage…

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Autour de Lee gravitent des personnages hauts en couleur : Katherine, une ex-junkie repentie très peu sûre d’elle, Imani, une star du petit écran profondément minée par sa fausse couche ultra médiatisée, Stéphanie, un agent de Hollywood plutôt perdue et obsessionnelle, Graciela, une danseuse sans cesse rabaissée par sa mère. S’ils n’ont pas le charisme de Michael, Mary Ann, Brian ou Mona, ils sont tout de même dignes d’intérêt et apportent beaucoup de fraîcheur au récit. Lee est un personnage solaire, bien qu’un peu lisse : on lui préférera Katherine, son vélo rose, et sa petite maison pittoresque (une référence au 28, Barbary Lane ?).  Le récit est drôle, et s’il n’y a pas beaucoup de suspense (on sait toujours où on va), cela ne nous dérange pas vraiment : c’est plus un roman à ambiance qu’un roman à intrigue. Californie, quand tu nous tiens…

C’est une lecture de détente assez agréable, qui nous fait voyager dans un LA un peu fantasmé, au sein d’une certaine élite (on côtoie ainsi deux stars de la télévision, une danseuse, un agent… le yoga est par ailleurs pas une activité assez huppée). Ce petit microcosme  est certes chouette à suivre, mais ça manque tout de même de profondeur : les nostalgiques des Chroniques de San Francisco seront sûrement contents de découvrir l’univers de Lady Yoga, bien qu’un peu frustrés. Mais ne sommes-nous pas l’été, la période idéale pour bouquiner léger sur la plage ?

Les Chroniques de Lady Yoga, Rain Mitchell. 10/18, 7 juin 2012. Traduit de l’anglais par Christine Barbaste.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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