Half Bad, libérez Nathan !

Half Bad, nouveauté des éditions Milan, vient de sortir en librairie, après deux mois de teasing intensif qui se sont terminés il y a peu par une chasse au trésor à laquelle nous avons participé avec plaisir, pour la ville de Paris. La couverture, avec cette main derrière les barreaux d’une cage, ne vous est sûrement pas inconnue. Voyons un peu de quoi parle le roman de Sally Green, qui sera présente au salon du livre jeunesse de Montreuil en fin d’année.

Pour son grand malheur, Nathan est un sorcier, comme les autres membres de sa famille, sa grand-mère, ses deux demi-sœurs et son demi-frère. Mais contrairement à ces derniers, Nathan n’est pas un sorcier blanc : né de l’union adultère de sa mère, une sorcière blanche, et de son père, un des plus terribles sorciers noirs que l’histoire ait connue, il est à moitié bon, à moitié mauvais, et cette nature hybride lui vaut la méfiance de ses pairs, et une répression de plus en plus sévère de la part du Conseil, le gouvernement des sorciers blancs. Rendez-vous compte : c’est un peu comme si Harry Potter était né d’une liaison entre Lily Potter et Voldemort !

Nathan grandit relativement isolé : incapable de lire ou d’écrire, ne supportant pas l’autorité, brimé par sa demi-sœur, le jeune garçon entend depuis son enfance qu’il n’est pas comme les autres, qu’il est à demi mauvais. Fils de Marcus, un sorcier noir violent et meurtrier, Nathan semble devoir porter dès l’enfance le poids des crimes paternels. Il grandit sous l’œil impitoyable et suspicieux du Conseil qui n’attend que le moindre faux pas pour sévir… et effectivement, Nathan se retrouve emprisonné dans une cage, dès l’âge de quatorze ans. Or, le temps presse pour le jeune garçon : à dix-sept ans, il doit à tout prix participer à une cérémonie qui fera enfin de lui un sorcier à part entière. L’alternative ? La mort…

Half Bad Sally Green

Récit atypique, Half Bad surprend de A à Z, de l’incipit à la deuxième personne du singulier aux scènes parfois étonnamment violentes pour un récit jeunesse, en passant par la personnalité même de Nathan, véritable anti-héros. On peine un peu à rentrer dans le roman et à s’attacher à Nathan, colérique et violent, mais une fois que Sally Green passe aux choses sérieuses, on peine à lâcher Half Bad.  Si les crises de rage et les décisions parfois très immatures de Nathan agacent (beaucoup) au début, on comprend au fur et à mesure la raison de son impulsivité et de sa colère permanentes. Sally Green dresse un portrait somme tout très psychologique de son personnage : méprisé, craint, moqué, violenté, Nathan grandit dans un monde dans lequel il n’a pas sa place et en conçoit une haine du monde tout à fait légitime. Les brimades du conseil ou de sa demi-sœur Jessica le détournent peu à peu de la branche blanche de sa famille et le poussent à songer de plus en plus à ce père qu’il ne connaît pas. Pas de manichéisme chez Sally Green : officiellement les « gentils », les sorciers blancs s’avèrent en réalité cruels et autoritaires, ne rechignant pas à menacer, torturer, tuer. Les sorciers noirs, heureusement, n’apparaissent pas comme outrageusement bons et accueillants : ils ont également leur part d’ombre, et une certaine tendance à s’entre-tuer.

Roman d’apprentissage magique, Half Bad nous montre un adolescent perdu qui se raccroche à une figure paternelle fantasmée : Nathan a envie de croire que son père s’inquiète de son avenir et le surveille de loin. Il doit se prendre en main, trouver Mercury, une sorcière noire canonique connue pour manger les petits garçons. En chemin, Nathan trouvera des alliés comme la jeune Ellen, ou Gabriel. Il noue avec ce dernier une amitié solide, qui laisse présager de beaux moments dans les tomes à venir.

Malgré un début très difficile, Half Bad séduit finalement, grâce à l’univers impitoyable que dépeint Sally Green. Prometteur, mais peut-être pas autant qu’on l’espérait.

Half Bad, Traque blanche, Sally Green. Milan, septembre 2014.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

3 Commentaires

  1. Oh, je suis contente qu’il ‘ait plu en définitive ! Ta chronique est superbe ! Le côté tête-à-claques de Nathan le rend tellement humain, tellement crédible ! C’est un aspect qui m’a bien plu.

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