FANTASY JEUNESSE — Nicki Pau Preto est définitivement une nouvelle auteure de fantasy young adult à suivre. Initialement diplômée en arts graphiques et histoire de l’art, elle a découvert la force des mots pour s’évader (et nous emmener !) dans des mondes imaginaires chatoyants. Sœurs de sang est son premier roman (publié en France chez Lumen) et si la comparaison avec l’univers de la saga Eragon est facile à faire (des dragons aux phénix, il n’y a qu’un pas), le moins que l’on puisse dire, c’est que L’Envol du phénix tient aisément la comparaison et place la barre très haut ! Attention, coup de cœur jeunesse !
Val et sa sœur Véronyka sont seules au monde et vivent dans la clandestinité : leur grand-mère qui les a élevées n’est plus, et elles fuient l’Empire, pour protéger leur secret. Car les deux filles sont en fait des animages, capables de communiquer par l’esprit avec les animaux. Parmi eux, une poignée de privilégiés a pu au cours de l’Histoire devenir Dresseur de Phénix, leur magie leur permettant d’établir un lien privilégié avec leur monture. Les deux filles souhaitent de toutes leurs forces suivre la trace de ces héros et cherchent par tous les moyens à se procurer des oeufs de phénix afin de pouvoir chevaucher ces animaux mythiques. Et c’est justement chose faite puisque le roman s’ouvre avec deux oeufs sur le point d’éclore. Mais seul l’un des deux œufs survit, au grand dam des deux sœurs. Véronika finit par quitter tout ce qu’elle connaît, pour se mettre à la recherche des derniers Dresseurs de phénix. Car des rumeurs courent : cet ordre n’aurait en effet pas tout à fait disparu …
Sœurs de sang, comme son nom l’indique, est un incroyable roman sur la sororité, sur la force qui découle de cet amour et de ce lien si particulier. Mais le pouvoir qui va de pair peut également être destructeur. Car si Véronyka est solaire, lumineuse et ouverte sur le monde, sa sœur aînée Val est tout ce qu’il y a de plus sombre. Renfermée et têtue, Val aime contrôler le monde et les gens qui l’entourent et ne supporte pas ne pas obtenir ce qu’elle veut. Mais ses mensonges et ses fourberies constantes vont pousser sa jeune sœur à prendre son envol et à chercher sa place dans le monde. Sans elle. Et cette quête fait astucieusement écho à celle d’Alvakyra et de sa sœur Phéronia, dont les témoignages sous forme de lettres émaillent le texte. Car ces deux reines ont préféré mettre leur royaume à feu et à sang plutôt que de s’entendre, et le peuple en paie toujours les conséquences seize ans plus tard … Depuis lors, la société a mis en place un patriarcat étouffant et injuste qui prend certains de nos personnages au piège. À tel point que Véronyka va devoir se faire passer pour un garçon afin de pouvoir espérer toucher son rêve du doigt … Quelle injustice !
Si le roman fait la part belle aux figures féminines fortes (et c’est tant mieux !), la parité est néanmoins respectée avec des chapitres consacrés à Sev, un jeune soldat enrôlé de force dans l’armée de l’Empire, et à Tristan, un dresseur de phénix. On alterne donc les chapitres et les points de vue sur cette guerre qui se met en place. À travers eux s’illustrent diverses thématiques : comment se fondre dans la masse, cacher son don, ou au contraire briller en société et s’illustrer devant son paternel quand sa pire phobie se met en travers de son chemin. Dans tous les cas, les attentes sont hautes pour les garçons, qui peinent eux aussi à trouver leur place dans cet univers.
Ce premier tome pose avec brio les bases d’un univers chatoyant et épique. Des personnages attachants, un rythme effréné, une mythologie cohérente : on attend avec impatience de pouvoir se plonger dans la suite des aventures de nos dresseurs de phénix !
L’Envol du phénix : Sœurs de sang, T1, Nicki Pau Preto. Traduit de l’anglais (Canada) par Julie Lafon et Céline Morzelle. Lumen, février 2020.
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