FANTASY ADO — Margaret Rogerson est une autrice américaine à la tête de deux romans de fantasy. Son petit dernier, Sorcery of thorns, est fraîchement paru en français et on en parle aujourd’hui !
Élisabeth, élevée au milieu des dangereux grimoires magiques d’une des Grandes Bibliothèques d’Austermeer, le sait depuis son plus jeune âge : les sorciers sont maléfiques. D’ailleurs, peu de temps après le passage à la bibliothèque du sorcier Nathaniel Thorn, un des ouvrages se transforme en monstre de cuir et d’encre, semant mort et destruction. Et c’est Élisabeth qui se retrouve accusée de l’avoir libéré. Forcée de comparaître devant la justice à la capitale, elle se retrouve prise au cœur d’une conspiration vieille de plusieurs siècles. Or, qui pourrait l’aider ? Nathaniel. Le sorcier. Nathaniel et aussi Silas, son très étrange serviteur… La survie d’Élisabeth et, à travers elle, celle des Grandes Bibliothèques, vaut-elle que la jeune fille renonce à ses vœux de bibliothécaire ?
Première chose à mettre à l’honneur de ce roman de fantasy : il s’agit d’un one-shot ! Une espèce suffisamment rare pour que cela mérite d’être signalé ! Il faut dire qu’avec quelques 570 pages au compteur, l’autrice a le temps de nous narrer une aventure en bonne et due forme. Celle-ci prend place dans un univers de fantasy médiévale assez classique, à ceci près qu’on y croise des Bibliothécaires armés d’épées, prêts à pourfendre les grimoires maléfiques assoiffés de sang qui leur échappent. Voilà qui dépoussière agréablement l’image du métier ! Autre dépoussiérage : celui des sorciers. Car ici, ils sont considérés comme maléfiques – au moins aux yeux des Bibliothécaires qui ont élevé Élisabeth. En effet, la magie n’est pas un don inné, ni même une compétence que l’on travaille d’arrache-pied. Elle s’obtient plutôt en passant un pacte avec un démon !
Dans un premier temps, l’intrigue se présente comme un récit d’initiation assez classique, focalisé sur Élisabeth. Puis la fantasy se pare d’une touche de polar, non seulement en raison de l’injustice flagrante que vit la jeune fille (et qu’elle doit défendre devant un tribunal), mais aussi en raison de l’enquête qu’elle va mener, en compagnie du sorcier, pour découvrir exactement qui est derrière le sabotage de la bibliothèque et ce qu’il se trame dans le pays. Les péripéties vont bon train, le suspense est bien présent, ce qui rend le tout très prenant.
Prenant mais, il faut le reconnaître, parfois simpliste. Les problèmes que rencontrent les personnages ont tendance à se résoudre non pas d’eux-mêmes, mais de façon toujours hyper pratique. Au fil des facilités, l’intrigue perd quelque peu en crédibilité, et c’est dommage.
De plus, les personnages versent parfois dans la surenchère. Élisabeth pense (peut-être à raison !) qu’il est naturel qu’en tant que jeune fille, elle soit reléguée au second plan par les hommes. A côté de cela, c’est une bibliothécaire aguerrie qui se bat à l’épée, alors que son acolyte en est incapable ! La construction du personnage semble donc parfois un peu déséquilibrée et donne l’impression que l’autrice a voulu mettre le doigt sur cette anomalie de place dans la société. C’est louable, mais les ficelles sont un peu grosses !
Évidemment, il se mêle au récit quelques accents de romance (annoncés dès la quatrième de couverture du roman !), qui peinent à surprendre. Pourtant, dans cet océan de lieux communs, on appréciera le côté vieille école des personnages… qui se vouvoient presque tout du long !
Mais malgré ces nombreux clichés et facilités, le récit, rédigé dans un style très fluide et ménageant de nombreux rebondissements, s’avère particulièrement prenant. Pour peu que l’on garde en tête qu’il s’agit d’un roman de fantasy dont le lectorat cible est plutôt jeune, ce roman offre un très agréable moment de lecture, dans un univers original.
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