A l’automne 1988, Kate Connor (jouée ici par Shailene Woodley) a 17 ans quand sa mère dépressive (joué par belle Eva Green) disparaît subitement. Kate s’interroge alors sur les raisons de cet abandon inexpliqué. Alors qu’elle soupçonne que sa mère n’en pouvait plus de son existence aseptisée, elle cherche justement à donner du piment à sa propre vie de jeune adulte. Pour ce faire, en proie à la découverte de la sexualité, Kate ne se soucie guère de cette absence inexpliquée. Elle explore une sexualité moins ennuyeuse que les rapports avec son copain et voisin Phil. Mais même une relation avec l’inspecteur en charge de l’enquête et deux fois plus âgé que Kat ne permet pas à cette dernière de se défaire complètement des souvenirs d’enfance troublants avec sa mère.
Ce n’est qu’au fil du temps qu’elle s’interroge sur les véritables raisons de cette disparition, à travers la découverte de l’autre, en parlant avec sa psy mais surtout grâce à ses songes de plus en plus éloquents.
Après Kaboom, Gregg Araki revient sur le devant de la scène (et des festivals, comme celui de Deauville) avec White Bird. Plus sage en apparence, mais qu’en est-il dans la réalité ? Cette adaptation est un thriller psychologique qui invite le spectateur à s’interroger sur de nombreux thèmes comme l’adolescence, la découverte de la sexualité et le passage difficile à l’âge adulte. White Bird ne déroge définitivement pas à la règle, en nous présentant l’adolescence de Kat Connors au travers d’un événement qui bouleversera sa vie : la disparition mystérieuse de sa mère. Présenté au 40e Festival du cinéma américain de Deauville, le film y a reçu un très bon accueil du public.
En réalisant White Bird, Gregg Araki s’intéresse à un registre différent de ses autres films sans jamais perdre ce qui fait son authenticité : son indépendance idéologique et visuelle, son franc parler et son univers poétique. Bien que se soit encore une fois autour d’une adolescente, Kat Connors, que s’articule l’histoire du film, il n’est pas ici question de se centrer sur elle. A travers elle, le spectateur observe aussi un monde, celui de la fin des années 1980 et du début des années 1990, où le réalisateur nous décrit sa vision du rêve américain, idéal sans cesse relayé par les médias, de manière assez froide par rapport à ce que l’on connait de lui. Il s’agit d’un portrait assez négatif de ces banlieues américaines et de leurs médiocrités que l’on a pu voir grâce à Sam Mendes dans son film American Beauty afin de montrer la frustration du rêve américain, la sexualité avec ses découvertes, ses envies et ses excès.
Dans White Bird, Shailene Woodley est bonne sans non plus être extraordinaire. Seule Eva Green sort vraiment du lot, nous présentant une mère qui a perdu ses idéaux, balancent entre la vie parfaite de mère de famille et la femme libre qui fait ce qu’elle veut.
White Bird est un film mélangeant intelligemment les genres, entre le drame familial, l’enquête policière et le film d’adolescence où le réalisateur s’amuse à jouer avec le spectateur. Gregg Araki nous le promet : il garde sa folie, et rien ne dit que son prochain film ne sera pas tout aussi fou que Kaboom.
Je vais rarement au cinéma (d’où peut-être mon caractère assez « difficile »), mais j’ai vu « White Bird » en avant-première ce lundi et j’ai un peu de mal à voir dans l’aspect « critique sociologique » du film autre chose que du « remplissage » qui finalement, nuit à l’aspect thriller du film. Je crois que j’aurais préféré que l’aspect « rêves » de Kate soit plus travaillé. Ceci dit, le film laisse une impression très vraie sur le plan psychologique (soit : le temps qu’il faut à Kate (ou à n’importe qui, d’ailleurs) pour arriver à voir la vérité et j’ai adoré le « twist » inattendu de la fin !