La Tête dans les Etoiles : découverte de l’univers d’Arthur Simony

Arthur Simony
http://arthursimony.com/

Jeudi 14 mars, Lieu 37, 19h30 : le vernissage bat son plein, la salle est comble ! Bises, sourires, échanges de regards gravitent autour d’un escabeau sur lequel montent, un à un, ceux qui le souhaitent. Ce n’est pas la première fois qu’Arthur Simony nous émerveille avec son univers sensible, poétique et visuel, où les mots sont des images et inversement. Cette fois-ci il investit le Lieu 37 avec son exposition Installation, graffiti et poésie, l’emplit d’ondes chaleureuses et lumineuses et donne à voir une sorte d’Arcadi.

Décrocher les étoiles, rien que ça !
Voici ce qu’il propose au spectateur, retour sur un artiste dont le prénom lui traçait une voie lactée…

Depuis 2003, Arthur, s’adonne à la création artistique, quelle qu’elle soit et sur tous les supports qui croisent sa route. Allant du graffiti à l’installation en passant par la photo et la vidéo. Tous les media sont matières à expression d’une sensibilité à fleur de peau, d’une vision poétique du monde sublimé par l’image certes, mais également par la vidéo et par des installations qui révèlent sa facette volatile. L’avancée inexorable du temps, l’aspect périssable des choses, à la fois frein et catalyseur d’initiatives, sert de piédestal à partir duquel Arthur construit et déconstruit son œuvre, dans un équilibre précaire, rythmé par la « répétition et variation ».

A l’âge de 17 ans – l’analogie fait sourire – Arthur enveloppe Bir-Hakeim de son univers. Puis il donne naissance à Jeanne, visage d’une modernité et d’une profondeur à couper le souffle. Il a, depuis, parcouru du chemin mais garde dans son travail cette simplicité apparente qui cache une réflexion ainsi qu’une complexité dans lesquelles nous plongeons avec délectation.

Ce soir, nous pouvons voir aux murs des photos représentant cette Jeanne si particulière, à la fois enfantine et dérangeante, qu’il décline à l’infini, sur les murs, fenêtres, lambris et vouée à êtres effacée ou jetée à la benne à ordures – pour mieux revenir, inlassablement, comme le ferait Nadja si André Breton errait encore dans les rues de Paris. Seules subsistent ces reproductions de papier glacé, figées mais si expressives que l’on se penche de plus près pour être certain de leur immobilité. Comme si un mouvement intrinsèque donnait vie au tracé, vie qui se limiterait aux bords des cadres mais dont l’énergie circulerait toujours, à jamais circonscrite.

Le noyau de l’exposition repose sur une installation composée d’un escabeau peint en rose et de ciseaux de la même couleur placés au-dessous d’un canevas duquel pendent des fils méticuleusement noués. De loin, le spectateur distingue des papiers blancs collés aux extrémités, lorsqu’il se rapproche, le mot « étoile » apparaît sur chacun de ces papiers, il y en a des centaines – mille peut-être – baignés d’une lumière diffuse, artificielle et chaude. Un appel au bonheur. Et nous voilà, gravissant les marches, allant nous aussi chercher notre étoile, celle qui nous permettra de faire trois vœux, un pour chaque nœud que nécessite le fil pour qu’il tienne à notre poignet. Tout au long de la soirée, nous arborerons fièrement notre dû, signe d’appartenance à une nouvelle caste ; celle qui a bravé les regards du public pour s’élever dans les hautes sphères et par là sortir de son rôle de spectateur et devenir acteur l’instant d’une éternité.

La beauté de l’œuvre d’Arthur réside dans le fait qu’il s’efforce de trouver un medium qui élève l’Homme, le déstabilise en lui proposant de décrocher une étoile, juste là, à quelques marches du sol, mais qui nécessite de les gravir, de s’exposer au regards des autres et qui comporte le risque de glisser, de tomber. Finalement cet escabeau ne serait pas une métaphore de la vie ?

Plus qu’une étoile c’est notre liberté qu’Arthur nous offre ! En effet, lorsque que nous saisissons les ciseaux et coupons ce fil, préalablement choisi d’un coup d’œil, nous exerçons notre libre-arbitre et devenons artiste ou créateur – vous appellerez cela comme vous voudrez – au sens Hégélien du terme. En nous faisant prendre part à son œuvre, Arthur nous donne la possibilité de créer une variation de celle-ci, la nôtre, de la rendre unique un millième de seconde : l’acte démiurgique par lequel nous nous rendons libre.

Alors nous te disons merci !

Par Gwendoline Hellot

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