Une série télévisée montre d’ordinaire un ensemble de personnages identifiés qui évoluent dans un décor fictif ou réel. Ces personnages s’expriment, agissent et tissent ainsi peu à peu une intrigue. Rien de cette définition ne survit à la série Real Housewives : bienvenue dans la cinquième dimension (la quatrième étant occupée par les frères Bogdanov).
Etre ou paraître, telle n’est plus la question. Ce docusoap met en images la vie, que dis-je : la destinée d’une demi-douzaine de femmes. Elles ont toutes arrêté le curseur sur trente-deux ans grâce aux soins des meilleurs chirurgiens esthétiques. Comme elles se refilent les adresses, elles sont toutes rigoureusement identiques, à part la couleur des cheveux. On se croirait dans un magasin de jouets. La production ne s’y est pas trompée : elle pousse le cynisme jusqu’à passer un bandeau en bas d’écran pour nommer chaque créature.
Ces femmes vivent dans des lieux qui semblent être leurs véritables résidences. La seule description possible de ces endroits tient en une phrase : le bon goût ne s’achète pas, même avec beaucoup d’argent.
Il reste l’action à décrire.
C’est fait.
Pousser à ce stade le vide télévisuel relève du nihilisme. Et comme pour beaucoup de ces programmes, la frontière est ténue entre l’addiction du début et le désintéressement le plus total qui lui succède. Pour mon cas ce temps a duré trois épisodes, que je ne regrette absolument pas. Cela m’a permis de caser dans ma besace à souvenirs télévisuels deux moments d’anthologie : la fois où Barbie rencontre Barbie et l’embrasse sans lui toucher les joues en lançant « très joli, ce petit nez ! », et la fois où Barbie montre à Barbie sa bibliothèque d’œuvres reliées en cuir. D’un geste large, elle englobe l’étendue des connaissances rangées sur ses étagères et lance à son hôte « Il y a tous les classiques ici : Les dents de la mer, Charlie et la chocolaterie… » : Barbie avait fait relier ses dvd en cuir pleine fleur.
Bienvenue dans la cinquième dimension.
Louisette
J’ai vu un épisode, et encore pas en entier tellement ça m’a affligée…