Il n’est pas à la portée de tout le monde de maîtriser l’art du roman choral : souvent confus, le récit se disperse bien souvent. Mais Catherine Leroux réussit haut la main à éviter les écueils habituels du genre avec le très bon Guide des âmes perdues.
Bien sûr, le lecteur patauge un peu au début, et se demande où tous ces petits bouts d’histoires vont le mener : il fait la connaissance d’Angie et Monette, deux gamines américaines qui partent en promenade un lourd après-midi d’été, puis de Madeleine et de son fils qui font une étrange découverte génétique, d’Ariel et Marie qu’un secret va dévaster et enfin de Simon et Carmen, à la recherche de leurs origines. Quatre duos insolites, mais touchants chacun à leur façon. En apparence, rien ne relie ces personnages, si ce n’est à l’extrême limite la zone géographique : ils vivent tous en Amérique du Nord. Mais en réalité, des liens ténus existent entre nos protagonistes. A vous de les découvrir.
Le récit de Catherine Leroux est sensible, sa plume fine. Elle arrive à saisir sur le vif l’intangible : le deuil, l’amour maternel, la douleur. En quelques mots, c’est toute une gamme de sentiments qui s’étale aux yeux du lecteur : difficile de ne pas compatir au naufrage de la vie d’Ariel et Marie, ou de ne pas ressentir de l’empathie pour Madeleine, qui aimerait juste être plus proche de son égoïste de fils. Aux sentiments font échos les paysages : l’écriture se fait alors visuelle. Il nous semble alors voir la petite maison au bord de la mer de Madeleine, les rues de San Francisco où évoluent Simon et Carmen, ou encore la voie de chemin de fer baignée de soleil où se jouera le destin d’Angie et Monette.
Catherine Leroux nous livre une belle histoire : lorsque le puzzle se révèle complet, tout s’emboîte parfaitement. Le lecteur réfléchit au fil des pages à des thèmes aussi universels que la famille, l’amour, la mort, l’identité. Il sort de cette lecture secoué, mais ravi.
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