Christophe Molmy, en plus d’être auteur de polar, est le patron de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention). Avec Les Loups blessés, il signe son premier roman, inspiré de ses années de lutte contre le grand banditisme.
D’un côté, il y a Matteo Astolfi, l’éternel voyou braqueur, ex-taulard, papa d’un petit Roch, follement amoureux de Caroline, et qui aimerait bien, finalement, se poser un peu. De l’autre, il y a Renan Pessac, commissaire parisien, pro de la traque et avec un service qui roule, mais qui au vu de la pression exercée par sa hiérarchie, ne dédaignerait pas quelques vacances.
Au milieu, un indic qui bon an mal an, fait ce qu’il peut pour s’en sortir et qui, indépendamment de sa volonté, va mettre le second sur la piste du premier. Entre loups blessés, on se reconnaît. Et un loup blessé lâche difficilement l’affaire s’il sent que la sortie est proche. Les deux hommes vont donc commencer à se tourner autour.
Le roman commence très fort. Des convoyeurs de fond n’ayant rien demandé à personne se font braquer et, pour certains, descendre sommairement. Astolfi aîné n’y est pour rien, ou presque. Il faut chercher du côté du cadet, Dominique, dit Doumé, qui commence à en avoir sa claque de suivre sagement les traces de son frère. Il est temps de se faire un nom dans la profession, un nom qui ne commence pas par Matteo. L’ennui, c’est Matteo avait, lui, tout prévu pour prendre sa retraite, et qu’il doit désormais gérer la carrière plutôt mal partie et très médiatisée de son jeune frère.
Côté traque, Les Loups blessés se présente comme un polar tout ce qu’il y a de plus classique, à ceci près qu’il est extrêmement réaliste – l’expérience du terrain, sans aucun doute.
Ce qui fait tout son sel, ce sont ses personnages. Renan Pessac, désabusé, s’efface parfois devant les hommes qu’il chapeaute, et que l’on suit volontiers en interventions. Le personnage du commissaire sera bien plus généreux en détails au cours de ses rendez-vous avec ses indics. S’il est parfaitement policier (mais pas toujours policé) avec le Grand, c’est avec Tania que l’homme perce enfin sous la carapace ! Jouant sur les points de vue et les situations, l’auteur sait rendre ses personnages très humains, et bien plus complexes qu’ils n’y paraissent au premier abord.
Il en va de même avec l’autre protagoniste, Matteo Astolfi : on est surpris de découvrir, derrière le braqueur chevronné et impitoyable, un homme aimant et n’aspirant plus qu’à une vie de famille.
L’autre point très positif du roman, et qui participe de l’effet de réalisme, c’est qu’on est très loin des séries aseptisées et codifiées qui font le bonheur du petit écran. Non seulement on plonge les mains dans les cambouis, mais celui-ci est, en plus, insoupçonné ! Entre les petits trafics entre voyous-indics-flics (presque un triangle amoureux, parfois!), les stratagèmes des avocats cherchant la petite bête qui fera tomber le dossier, ou les simples rancœurs entre collègues, on est servis par un univers riche en petits détails.
Au fil des pages, on passe vite sur les quelques maladresses stylistiques – après tout, c’est un premier roman ! – et on se plonge bien vite dans l’ambiance très sombre qui baigne l’intrigue. Les compromissions sont rares, les motifs de réjouissance aussi. Pour autant, ce n’est pas sinistre. C’est simplement réaliste ! L’envers du décor est extrêmement bien rendu et, finalement, c’est la galerie de protagonistes, très fouillée, qui rend le roman si attractif. Bonne pioche, donc, avec ces Loups blessés, qui nous entraînent très loin dans l’univers du braquage, en évitant les clichés du genre et en dressant des personnages très humains !
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