Le chocolat, le café, interdits ? Impensable à l’heure où ces deux plaisirs sont devenus pour certains d’entre nous de véritables bouées de sauvetage ! Un café pour se réveiller le matin, un carré de chocolat quand on a un coup de mou… ce sont des petits gestes quotidiens pour nous, mais ce sont des délits dans le récit de Gabrielle Zevin, La Mafia du chocolat. Rude !
On ne présente plus Gabrielle Zevin qui brille autant en jeunesse que dans le registre adulte. Dans La Mafia du chocolat, elle imagine le New York de 2083, dans lequel l’eau est rationnée, le papier devenu obsolète et rare et le chocolat illégal. Mais la précieuse friandise peut bien sûr se trouver sous le manteau. C’est dans ce commerce que donnait le père d’Anya Balanchine avant de se faire assassiner sous son propre toit.
Sa fille, désormais seize ans, essaie de vivre normalement, mais comment y parvenir quand on se traîne autant de casseroles, quand on est la fille d’un défunt parrain de la mafia russe ? Comment vivre une adolescence normale quand on doit s’occuper d’un grand frère dont le développement mental s’est figé à neuf ans, d’une grand-mère moribonde et d’une petite sœur en pleine croissance ? La vie d’Anya n’est déjà pas simple. Mais lorsque son ex-petit ami est empoisonné par du chocolat Balanchine, le quotidien de la jeune fille va passer de difficile à carrément chaotique.
Passée une longue introduction, qui permet à Gabrielle Zevin de poser son univers et de nous présenter ses personnages, le lecteur se glisse avec délice dans le récit, imaginant avec bonheur les lieux que nous décrit Anya, narratrice plutôt agréable : le Met transformé en boîte de nuit ou encore Liberty Island devenue une institution sortie tout droit d’un roman de Dickens se révèlent à nos yeux ébahis. Nous sommes en 2083 et New York a bien changé ! Quelques anciens, dont la grand-mère d’Anya, née en 1995, peuvent témoigner d’une époque désormais révolue, où l’on consommait autant de chocolat qu’on le souhaitait, où les denrées n’avaient pas besoin d’être sévèrement rationnées. Pour Anya, c’est un passé lointain. Son présent est fait de magouilles, de violence, et de débrouillardise. Sa famille n’est pas vraiment fréquentable : les conflits couvent au sein de la mafia du chocolat. Anya doit louvoyer entre les différents protagonistes de cette guerre intestine, sous-jacente. Notre jeune fille doit faire preuve de diplomatie et de calcul. On a vu des adolescences plus sympathiques.
Pourtant, Anya a bien évidemment des préoccupations de son âge ! Au début du roman, son petit ami la presse de passer à l’acte avec lui : quand elle le quitte, elle doit faire face à une rupture scrutée par l’ensemble du lycée, à des rumeurs, des messes basses. L’amitié, l’amour, les hormones sont un élément clef du lycée, et ce n’est pas malvenu. L’alternance entre l’aspect très adulte, très maîtrisé de la vie d’Anya et ses petits rappels de son jeune âge est très réussie.
Avec La Mafia du chocolat, Gabrielle Zevin nous livre un premier tome convaincant, qui jette les bases d’un monde alternatif bien pensé, dont on brûle de découvrir tous les secrets.
La Mafia du chocolat, Gabrielle Zevin. Le Livre de poche jeunesse, 2015. Traduit de l’anglais par Cécile Chartres.
Si vous avez aimé La Mafia du chocolat, essayez donc un autre roman gourmand : Désir de chocolat.
Je suis une grande fan de cette auteure, son dernier roman sorti chez Fleuve (L’Histoire épatante de Mr Fikry & autres trésors) est un énorme coup de cœur 🙂 !!
j’ai bien aimé mais sans plus. l’idée de base est intéressante mais je la trouve assez mal exploitée :/