Un polar pour l’été : La Revanche du petit juge

Un petit juge indolent, Alberto Lenzi se voit confier une affaire qui paraît sans importance, presque résolue. En Calabre, de nos jours, Giorgio Maremmi, substitut du procureur, est retrouvé mort, assassiné. Peu de temps avant il a fait condamner un prévenu lié à la mafia italienne, le condamné le menace à la fin du procès. Le procureur en charge de l’affaire de la mort d’un de ses collègues, persuadé que l’on tient le coupable confie donc l’affaire au “petit juge”, soi-disant bien nommé pour son incompétence. Tout est déjà résolu, inutile selon lui, de faire appel à quelqu’un de plus coriace.

Mais dans ce pays calabrais, soumis à la mafia locale, la “ndrangheta”, rien n’est simple. Alberto Lenzi va se révéler être un juge, pour une fois, courageux et tenace. Il va faire de Mico Rota, le patron de la “ndrangheta” son indicateur à la fois précieux et retord. Celui-ci va l’aider, de sa cellule en prison, à résoudre cette affaire complexe où les meurtres s’accumulent. Pas question de lui mâcher le travail, Rota ne lui donne que des énigmes à décortiquer pour avancer. Rota ne fait nullement preuve de compassion, il distille des informations dans l’unique but de blanchir son organisation frauduleuse.

La Revanche du petit juge, Mimmo Gangemi, Seuil

En dehors de l’intrigue, habilement conduite par l’auteur, on découvre une Calabre pittoresque, pleine de charme. Et on découvre aussi un pays où la mafia règne en maître, où la corruption est reine, où on joue avec les déchets polluants, où les règlements de compte s’enchaînent, où la Justice est souvent bafouée, où les mafieux copinent avec les politiciens véreux. Les enquêtes du petit juge vont se poursuivre pour le plus grand plaisir du lecteur malgré la bizarrerie dont il peut faire preuve, à contrario de la sympathie qu’il dégage parfois.

Mimmo Gangemi réussit dans ce polar à faire ressortir le meilleur d’un homme connu pour sa flemmardise, son désintérêt pour son travail. Il utilise les codes chers à des Sherlock Holmes ou des Hercule Poirot pour rendre l’enquête subtile malgré la violence qui sert de toile de fond.

La Revanche du petit juge, Mimmo Gangemi, Seuil, avril 2015. Traduit par Christophe Mileschi.

Par Bérangère

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