L’homme du verger vit seul, depuis des décennies. Autour de sa maison – une cabane, presque, en vérité-, des arbres fruitiers à perte de vue. Partout où se pose le regard, ils sont là, bienveillants, et forment un cocon protecteur. Talmadge y vit depuis l’enfance : sa mère, à la suite de son veuvage, y avait posé ses valises avec ses deux enfants. Mais quelques années plus tard, sa mère enterrée et sa sœur mystérieusement disparue font de Talmadge un homme solitaire et bourru.
Son quotidien bien réglé bascule le jour où deux adolescentes, Della, et Jane, lui volent quelques pommes au marché. Bientôt les gamines s’installent dans le verger, et l’observent, à distance. Méfiantes, enceintes jusqu’aux yeux, elles n’osent approcher. Pourtant, l’homme et les jeunes filles vont progressivement s’apprivoiser. Et Talmadge va apprendre quelle triste histoire Della et Jane ont dans leurs bagages…
C’est un premier roman d’une sensibilité presque douloureuse que nous offre Amanda Coplin : les sentiments y sont cristallins, poétiques, d’une pureté indéniable. Au sein du verger se dessine peu à peu la promesse d’une famille, même si aucun lien de sang ne relie le vieil homme et ses visiteuses. Cependant, bientôt, la tragédie frappe : le lecteur a le sentiment d’un drame inutile et terrible, a le cœur serré. Le ressort dramatique utilisé était inattendu, mais bien vu : il fait prendre aux personnages une trajectoire autre que celle que le lecteur attendait. Amanda Coplin évoque avec beaucoup de justesse l’évolution de ces personnages, par petites touches. On sent qu’ils ont l’âme à vif. Indéniablement, L’Homme du verger propose des portraits très convaincants. Plus tard, émerge le personnage lumineux d’Angelene, véritable antithèse de Jane et de Della. Angelene se verra offrir tout ce qui a été refusé aux deux jeunes filles : la sécurité, l’innocence, un foyer au verger. De nombreuses descriptions rendent le verger presque réel aux yeux du lecteur : il lui semble également apercevoir la petite maison confortable de Talmadge. Le verger est un vrai personnage à part entière. La vie et la mort s’y croisent.
Ce sont donc de très belles pages de littérature que nous livre Amanda Coplin avec L’Homme du verger. Un auteur à suivre.
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