Imaginez la scène : une supérette de quartier, des clients en pleine séance de courses à mourir d’ennui. Une jeune mère, un couple adultère, une vieille dame et son aide familiale, un caissier, une mère et son adolescent. Classique. Et puis tout bascule. Un junkie, paniqué, fauché, entre dans le magasin, armé, cagoulé. Et si le bourreau n’était pas celui que l’on pensait ? Et si la mince frontière entre bien et mal pouvait être franchi en ce sinistre jour ?
Premier roman de Barbara Abel qui franchi le seuil de mon imaginaire, L’innocence des bourreaux est une belle découverte. Loin des romans sanguinolents et gores qui font la part belle des aficionados du genre (dont je fais partie), l’auteure nous plonge dans une atmosphère, une situation qui nous touche. Faire les courses, tout le monde le fait. Tout le monde s’est retrouvé un jour dans une supérette défraichie pour acheter un camembert ou une boîte de petits pois. La question se pose alors : quelle aurait été notre réaction dans cette situation ? Comment réagir quand un junkie en manque de sa dose quotidienne et sans un centime débarque pour braquer la supérette justement à ce moment-là ? Le suspense est à toutes les pages. Qui sera le héros ? Qui sera le méchant ? Et si la frontière entre les deux était aussi mince qu’une tranche de salami en promotion ?
Coup de maître de Barbara Abel que de transformer une scène du quotidien en drame. Avec tout ce qui se passe dans le monde en ce moment, on se dit qu’elle n’est pas si loin de la vérité… et c’est justement ce qui fait la force de ce roman : on s’y croirait presque. Et si vous espérez trouver dans ce roman un super-héros baraqué chargé de sauver la mise de tout le monde avec ses muscles et son gros pistolet, passez votre chemin. Pensez-y : dans la vie de tous les jours, si une bagarre éclate, une agression se déroule sous vos yeux ou un braquage se profile à l’horizon, qui est là pour intervenir ? Qui va s’interposer pour sauver la vie de la demoiselle en détresse ? Personne. Barbara Abel lance un appel et nous fait bien comprendre le message : la vie ne fait pas de cadeaux, les gens sont égoïstes, nos voisins sont nos ennemis. Le moment de se réveiller ?
Bref, une intrigue pleine de piquant et de vérité qui n’hésite pas à montrer la couche de fragilité cachée sous tous les masques et tous les grands sourires. Qui prouve une fois de plus que les réactions d’un individu face à une situation tragique ne sont ni imaginables, ni quantifiables, ni prédéfinies.
C’est également le premier roman de Barbara Abel que j’ai lu et je l’ai dévoré en un après-midi, enmennée par ses multiples rebondissements.
Tu m’as donné envie de redonner une chance à Barbara Abel, j’ai lu Duelle, que je n’ai pas forcément adoré ! Mais là, tu me tentes !
je viens juste de découvrir l’auteure avec derrière la haine et j’ai bien envie d’en lire davantage 😉