Pour son deuxième long-métrage, Justin Kurzel a décidé de s’attaquer au monumental Macbeth de Shakespeare, s’offrant, pour l’occasion, deux pointures du grand écran pour incarner le couple maudit : Marion Cotillard (Taxi, La Môme, The Dark Night Rises) et Michael Fassbender (Hunger, Inglorious Bastards, Twelve Years as Slave).
Ecosse, XIe siècle. Macbeth, chef des armées du roi Duncan, sort victorieux de la guerre contre la Norvège qui fait rage dans le pays. Sur le chemin du retour, il croise trois sorcières, qui l’appellent successivement Thane de Glamis, Thane de Cawdor et lui annoncent qu’il deviendra roi, tandis qu’elles promettent à son ami Banquo qu’il engendrera une lignée de rois. Quelques jours plus tard, deux hommes du roi viennent remettre à Macbeth son titre de Thane de Cawdor – le tenant du titre ayant trahi l’Ecosse au profit des Norvégiens.
Envoûtée par la prophétie, lady Macbeth suggère à son mari de hâter le cours des choses en tuant le roi Duncan, justement en visite sur leurs terres. Ce que Macbeth fait sans hésiter ou presque. Terrifié, le fils du roi prend la fuite et abandonne le trône. Le couple Macbeth fait donc main basse sur l’Ecosse. Las, conserver un trône si mal acquis demande une grande dose de machiavélisme… et de folie.
Inutile de s’attendre à Braveheart en allant voir ce film. Le titre annonce Macbeth et c’est du pur Macbeth. Justin Kurzel frappe très fort, dès l’introduction : passée une scène d’inhumation, c’est une bataille aussi furieuse qu’épique qui emplit l’écran de ses fracas. Et dès que la poussière retombe, l’ampleur du projet se dévoile. Car ce n’est pas seulement une histoire de guerre au fin fond de l’Ecosse. Non, c’est plutôt une scrupuleuse transposition de la pièce sur grand écran. Les textes semblent donc tous droits issus de la pièce – si ce n’est pas le cas, ils en imitent la syntaxe et les tournures à la perfection. À ce titre, si vous n’êtes pas allergique à la VO, profitez-en, le texte avec ses rugueux accents écossais vaut le détour. L’amorce du film annonçait la couleur : le film alterne entre furieuses scènes d’action et séquences beaucoup plus calmes, très largement entrecoupées d’introspection plus ou moins profondes dans la suite : le rythme est donc assez lent, ce qui n’est pas particulièrement gênant au vu de la façon dont tout cela est filmé.
Car comme il s’agit de théâtre, Justin Kurzel filme les monologues comme si ses acteurs étaient sur les planches : face caméra, ou seuls à l’écran, ce sont de longs morceaux de bravoure qu’ils déballent, avec une présence souvent écrasante – plus du côté de Fassbender que du côté de Cotillard, ceci dit. Au fil des scènes, c’est un portrait de la folie en marche qui se dessine : paranoïa, agressivité, les égarements se suivent et ne cessent de plonger les personnages dans l’horreur, avec des scènes oscillant entre extrême sensibilité et le malaise profond.
À cela, il faut ajouter des décors impressionnants : landes battues par les vents, décors architecturaux grandioses, qui viennent souvent en contrepoint à la noirceur et à la perversité de l’âme de Macbeth – lady Macbeth se montrant un tantinet plus modérée sur la fin.
Alors ce Macbeth ? Eh bien c’est du grand spectacle. Une pièce de théâtre portée à l’écran et pourtant jouée presque comme sur des planches : c’est osé, mais il fallait y penser !
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