Comme son narrateur, Brahim Metiba a quitté son Algérie natale pour la France ; la notion de différence l’a interpellé très tôt et a constitué le noyau de son travail d’écrivain. Après Ma mère et moi, il poursuit sa série sur la famille en consacrant son deuxième texte à la figure du père : Je n’ai pas eu le temps de bavarder avec toi.
Après le dialogue silencieux avec sa mère, le narrateur s’essaie à la communication avec son père. Celui-ci est venu d’Algérie visiter son fils installé en France. A l’issue de son séjour, il laisse un mot sur la table de l’appartement : « Je n’ai pas eu le temps de bavarder avec toi, je te laisse ce ticket de métro. Ton père. »
Interloqué, le fils se demande quelle est la signification profonde de ce don de ticket. Y a-t-il un lien logique entre les deux ? Un manque de temps à consacrer à la parlotte compensé par un ticket de métro ? Le fils décide donc de transformer ce petit rectangle de carton en cadeau d’anniversaire et de s’offrir une balade en bus, de Clichy la Garenne au centre de Paris. Trajet qu’il met à profit pour mener, enfin, et seul, l’impossible dialogue avec son père.
Aussi court que le premier, ce texte en a aussi toute l’intensité ; au fil des quartiers, des bus, le narrateur dessine la figure de son père, au travers de ses souvenirs ou des discussions imaginaires et unilatérales qu’il mène avec son géniteur. Ce long monologue conduit le narrateur à s’interroger sur les relations père-fils et les relations socio-culturelles, mais aussi sur les conséquences de l’immigration, ou sur les différences flagrantes entre centre et périphéries, marquées par les étapes de sa tournée en bus.
La brièveté du texte, le style minimaliste et très musical, les réflexions fulgurantes menées par le narrateur rendent le texte émouvant. Le prochain texte de l’auteur, sur les relations fraternelles, conclura son œuvre sur les relations familiales.
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