CINÉMA — Dans les grands réalisateurs que l’on retrouve en tête d’affiche, Steven Spielberg possède une place plutôt imposante. Spielberg, ce sont des films marquants pour toutes les générations, un nom connu de tous même sans avoir vu aucun de ses films. Voir un film est déjà une expérience en soit, en voir un en avant-première devient une occasion inespérée, un rêve. Je suis un peu en retard pour sortir cette chronique, mais ni mes examens ni les fêtes ne m’auront aidé à la terminer à temps.
Remontons ensemble dans le temps, et plongeons au cœur de la guerre froide. Sur fond de menace nucléaire, de fumée de tabac, et de café froid, l’avocat privé James Donovan se retrouve sur un cas complexe : assurer la défense d’un espion russe capturé sur le territoire américain. Procès difficile, mais les choses sont loin de s’arranger : le pilote secret de la CIA Francis Gary Powers se retrouve pris au piège en Russie. Donovan s’improvise donc négociateur et, en toute discrétion, enchaîne aller-retour pour gérer la négociation de l’échange entre les deux espions.
Difficile d’entamer une analyse complexe tant il y a de choses à dire. J’ai coutume de commencer par les décors. On ne peut qu’être conquis par la qualité des décors présentés. La quantité de travail de recherche et de reconstitution est tout simplement titanesque. L’attention est portée au maximum sur les petits détails, et chaque plan devient une chasse au trésor pour retrouver l’ambiance, les visages, les actions quotidiennes. Du métro New Yorkais de Brooklyn au S-Bahn de Berlin, un monde de détails tous différents les uns des autres. Spielberg réussit parfaitement sa plongée dans ces années sombres, et nous transporte autant dans l’espace que dans le temps.
Mais si Spielberg apporte autant de détail sur ses ambiances, cela ne se limite pas à la qualité de ses décors. On retrouve aussi, même si c’est plus subtil, la même qualité de détail dans l’image elle-même. Le plus surprenant est l’utilisation de pellicule 70mm pour le tournage, dont l’utilisation est de plus en plus fréquente – étant donné le prix des moyens de tournages en 70mm, tout est relatif – Les 8 salopards, dernier bébé de Tarantino, Interstellar, dont une seule salle en France avait le droit de projection en 70mm. Ce format de pellicule apporte tous les avantages de l’image physique (entendez non enregistrée numériquement), sans avoir les défauts. Le grain apporté par l’utilisation d’une pellicule, ainsi que la qualité d’image (rendu des couleurs, des contrastes), sont sans équivalent avec le numérique, même avec les progrès de l’informatique actuelle, et les miracles que l’on peut faire avec la correction colorimétrique. Le format 70mm permet aussi de pallier les défauts du format 35mm, plus contraignant à utiliser.
En parlant de correction de couleur, le travail sur les images est saisissant. Tous les plans sont splendide, travaillés, et placés au millimètre près. Il est impossible de ne pas remarquer le travail et la qualité des plans, ainsi que leur enchaînement. Le maître Spielberg signe ici un chef d’œuvre cinématographique, et prouve encore une fois son talent pour placer et filmer des plans d’exception.
Spielberg est considéré comme un réalisateur de la « vieille école » : des plans millimétrés, cadré et régis par des lois précises, des règles strictes. Si la règle peut être vue comme une interdiction, une bride, Spielberg arrive avec brio à réaliser des plans à couper le souffle tout en les respectant. C’est là toute l’étendue de son talent: au lieu de contourner la difficulté, l’affronter de plein fouet, et Spielberg s’en sort comme toujours – ou presque – avec brio.
Au final, Le Pont des Espions fait partie des chefs-d’œuvre qui sont sorti en cette fin d’année 2015. Un film sombre, complexe, mais magnifique de par la qualité de sa technique et par la beauté de la reconstitution. Spielberg signe là un film mûr, aux thématiques encore d’actualités, et qui ne manque de rien. Un film à posséder dans sa bibliothèque, et à voir comme une des références cinématographique à qui veut se plonger dans l’univers sombre et mystérieux de l’espionnage au cœur de la guerre froide.
Par Baptiste
Merci pour cette chronique. J’ai adoré ce film, passionnant! Tom Hanks y est, comme à son habitude, magistral et la performance de l’espion soviétique est des plus prenantes. Dommage de ne pas avoir plus retrouvé « Le Pont des Espions » parmi les nominés durant cette saison de récompenses cinématographiques!