CINÉMA — Nous sommes en plein milieu de la nuit à Benghazi, en Libye. Un groupe d’hommes portant tous la barbe et lourdement armés sont positionnés sur un toit. Ils protègent un avant-poste non-officiel des États-Unis, qui est attaqué par une milice libyenne. D’un coup, les héros américains repèrent leurs ennemis. Ils se précipitent à travers les hautes herbes pour prendre d’assaut le camp. C’est parti, on ne sait pas qui tire en premier mais ça a commencé. Boom ! Bang ! Ça part dans tous les sens ! Le récit de Michael Bay nous raconte l’histoire vraie de la bataille de Benghazi.
En dépit des très nombreuses explosions, des coups de feu dans tout les sens, des corps déchiquetés et du sang qui coule à flot, 13 Hours est un film sur l’héroïsme et le courage, un film sur la liaison entre des soldats et des politiciens qui ont entendu pour la première fois des coups de feu ce jour-là. Malheureusement, Michael Bay, incapable de se contenir, a succombé à ses pires démons : les effets spéciaux à tout va.
L’histoire est racontée à travers les yeux d’un groupe d’ex-militaires stationnés dans en Libye de l’après-Kadhafi. Les gangs locaux ont pillé le stock d’arme de l’ancien dictateur, et une guerre de territoire féroce a éclaté. La ville de Benghazi héberge un site secret de la CIA qui a besoin de protection et de l’ambassadeur qui est en visite. Nous passons environ une heure avec l’équipe assignée à sa protection : nom de code GRS. L’équipe est composée de supers soldats américains avec une belle barbe de plusieurs semaines. Ils portent tous des noms tirés des jeux de guerre comme Call of Duty. Nous avons Boone, Tanto, Tig, Oz et Bub. Il est très difficile de les distinguer, car même s’ils essaient de montrer leur coté humain, avec leurs appels fréquents à leurs épouses et les références à leur nouveau-né, Michael Bay revient toujours à sa partie préférée: l’action avec des explosions spectaculaires. Les ennemis de nos héros lancent un assaut sur des hordes d’attaquants enfonçant les défenses de la base, pour être déchirés en lambeaux par les balles des Américains. Au moment où l’ennemi a reculé (car ils sont probablement tous morts !), nous avons un bref répit. Répit de courte durée car tel un cycle de jeu, tout va recommencer avec un nouveau lot frais d’ennemis… Les fans de FPS seront ravis. Même l’affiche rappelle les jeux les plus célèbres du genre.
Si l’objectif du film était de nous faire vivre l’expérience d’une agression d’un groupe américain, c’est réussi. Les attaques s’enchaînent sans relâche, de manière imparable et fastidieuse. Il n’y a pas de drame ou de moment humain entre les coups de feu.
Michael Bay souhaitait faire un remake du film La Chute du faucon noir. L’un des personnages y fera référence en plaisantant mais 13 Hours n’a rien du réalisme du film de Ridley Scott. Le réalisateur n’arrive pas vraiment à nous peindre l’absurdité de la guerre. Le réalisateur des Transformers est très bon pour nous offrir des blockbusters mais moins pour nous raconter une véritable histoire. Ça sonne un peu faux, un peu artificiel.
13 Hours évite volontairement le sujet de la politique. L’incident de Benghazi a causé beaucoup de tort à Hillary Clinton qui a dû prendre la responsabilité en tant que Secrétaire d’Etat de toutes les lacunes de sécurité qui ont eu lieu en Libye. Le film ne prend pas parti mais souligne du doigt la tragédie.
13 Hours reste un film porté sur des hommes courageux qui sont sortis pour protéger leurs compatriotes alors qu’ils n’y étaient pas obligés. Les guerres ne sont jamais gagnées par un camp ou un autre et Michael Bay parvient à nous transmettre ce sentiment avec quelques images des plus frappantes. Il faut attendre la fin du film pour le voir. Le reste du temps est consacré à de magnifiques explosions et de grandes scènes de guerre. De belles images, avec des effets spéciaux soignés… mais, malheureusement, cela ne suffit pas à faire un bon film.
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