Si c’est la fin du monde… que feriez-vous ?

APOCALYPSE POUR ADOS — Imaginez : on vous apprend que, d’ici deux mois, la Terre a deux chances sur trois d’être victime d’un astéroïde, qui éliminerait toute vie sur la planète. Que feriez-vous de ces deux mois ? C’est la question que pose Si c’est la fin du monde, paru en début d’année aux éditions Nathan. Nous suivons quatre adolescents dans un lycée de Seattle, face à la perspective de leur mort prochaine. Ils incarnent tous quatre un cliché adolescent : on a le sportif lisse, l’intello coincée, la salope au passif familial difficile et le glandeur bon à rien. Mais ces deux mois vont leur permettre de se révéler, d’être enfin eux-mêmes. Deux mois pour vivre vraiment, avant que tout ne se termine et que le rideau ne tombe sur notre planète.

Peter, Eliza, Anita et Andy sont les quatre protagonistes que suit le lecteur. Chacun correspond à un stéréotype, mais, fort heureusement, se révèlent bien moins lisses que l’idée du cliché ne le laisse suggérer de prime abord. Ces deux mois avec une épée de Damoclès au dessus de leur tête vont les faire brusquement évoluer. Anita, l’élève sage qui a toujours obéi à ses parents, va rejeter leurs désirs pour elle pour s’adonner à sa vraie passion : la musique. Peter, lui, va admettre que sa vie a toujours été fabuleusement creuse jusque là. Andy va se rapprocher de personnes à qui il n’aurait jamais parlé auparavant. Et Eliza va déployer tout son potentiel artistique.

Si c'est la fin du monde, Tommy Wallach, Nathan

Quelques moments émouvants, quelques pistes de réflexion : Si c’est la fin du monde propose un bon moment de lecture, même si son potentiel n’a pas été tout à fait exploité. C’est intéressant de voir comment se comporte une poignée d’adolescents confrontés à la potentielle fin du monde, et comment s’effondre la société face à sa mort imminente. Tommy Wallach montre ainsi les différentes étapes de la fin du monde : les coupures d’électricité et les scènes de rationnement dans les supermarchés, puis les pillages, les incendies et le chaos… Face à la perspective de la mort, et à l’impunité que confère la fin du monde, le monde ne se contrôle plus, l’armée outrepasse ses droits, et au diable les conséquences. C’est un des aspects les plus intéressants du roman.

Cependant, et c’est vraiment dommage, les personnages peinent à nous fasciner : l’auteur a voulu jouer sur les clichés, sur le carcan qui nous emprisonne bien souvent au lycée. Résultat : le lecteur a du mal à s’y attacher. Si les quatre héros gagnent quelque peu en profondeur au fil du roman, ceux qui les entourent brillent par leur caractérisation ultra superficielle (la petite frappe, le gros dealer effrayant, la petite sœur rebelle…). On voit venir de très loin ce qui arrive : les couples qui se forment, les personnages qui réussissent ou qui échouent… Si c’est la fin du monde n’exploite pas tout son potentiel, et nous laisse un goût d’inachevé. Dommage.

Si c’est la fin du monde, Tommy Wallach. Nathan, 2016. Traduit de l’anglais par Papillon.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

1 Commentaire

  1. Dommage pour la sensation d’inachevé et de potentiel non exploité, ce n’est pas la première fois que je lis ce genre de commentaire…
    Enfin pas grave il y a tellement de livres à lire 🙂

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