WESTERN — Deux frères, un enfant : voilà le point de départ de Là où naissent les ombres. Les deux frères écument la campagne, à la recherche de contrats à honorer : ils tuent comme ils respirent, semant la désolation dans leur sillage. Un jour, Brooke et Sugar s’éveillent et découvrir qu’un troisième larron les a rejoint. C’est encore un enfant, et il est amnésique. Surnommé à la va-vite Bird, l’enfant ne peut se douter qu’en rejoignant les deux frères, il va voir sa vie entière basculer.
Violent, étrange et glauque, ce western nous fait suivre un drôle de duo, devenu trio par la force des choses. On ne sait pas vraiment où cela se passe (l’Amérique, mais n’est-ce pas un peu vaste ?), ni quand (à l’époque des diligences et des chasseurs de prime), mais, finalement, cela importe peu : le principal, c’est cet improbable duo de « frères » apparemment dépourvus d’humanité, qui tuent à tour de bras. L’écriture, rude et saccadée, ne pourrait mieux servir le propos : mais voilà, justement, ce style est peut-être un peu trop distancié car on a du mal à s’attacher aux personnages. Si le roman se lit d’une traite, on peine à plonger au coeur de l’intrigue : il semble plus simple de rester en surface, sans implication émotionnelle.
Car, il faut l’admettre, Là où naissent les ombres est un roman extrêmement dur, où la mort règne en maître, et où se dessinent en filigrane d’autres atrocités (viol, inceste, cannibalisme, charnier…). L’odeur du sang et de la poudre pourrait tout aussi bien imprégner les pages, vu le nombre de fois où des fusillades sont évoquées. Et quand les frangins ne brillent pas par leur maîtrise de la gâchette, c’est à l’arme blanche qu’ils s’illustrent. Leur histoire, au fond, est profondément tragique. Le destin de Sugar l’est tout particulièrement.
Dans Là où naissent les ombres, l’humanité n’apparaît indéniablement pas sous son meilleur jour : quand elle n’est pas occupée à s’entretuer, elle boit à outrance et complote contre le monde. Le roman est donc très sombre. La fin, abrupte, nous laisse un peu sur notre faim. On sort de cette lecture avec la sensation d’avoir retenu son souffle toute la lecture durant…
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