ROMAN ADO DE SCIENCE-FICTION — James Dashner a signé la trilogie dystopique à succès Labyrinthe, adaptée depuis au cinéma et fervente concurrente de Hunger Games. Il revient avec une nouvelle trilogie, Mortality Doctrine, toujours éditée en français chez Pocket Jeunesse, et toujours de science-fiction, mais ne flirtant pas avec la dystopie.
Comme beaucoup de jeunes de son âge, Michael passe son temps sur le VirtNet, une plateforme tentaculaire à mi-chemin entre jeu vidéo et réseau social. Couché dans un cercueil sensoriel, relié au serveur par des fils sensoriels, Michael passe le plus clair de son temps dans cet univers parallèle, où il retrouve ses deux meilleurs amis virtuels, Bryson et Sarah. Or, tout va mal dans le VirtNet : une série de suicides – bien réels ! – entache la réputation de virtualité du réseau. Il semblerait qu’une intelligence artificielle ait mis le grappin sur le réseau et s’en serve pour semer la zizanie. C’est alors que Michael, Bryson et Sarah, hackers hors pair, sont recrutés par la police du réseau, la VirtNet Security (alias VNS), afin de mettre hors d’état de nuire les mécréants, la super agence gouvernementale étant elle-même… impuissante.
Alléchée par le succès de Labyrinthe et les louanges critiques reçues, j’ai donc décidé de découvrir James Dashner avec le début de sa nouvelle trilogie. Malheureusement, force est de reconnaître que ce premier volume est loin, très loin d’être passionnant.
Dès les premières pages, on est plongés dans l’univers : on découvre Michael, accro aux jeux vidéo (en somme), qui passe l’essentiel de son existence dans le VirtNet et non dans la Veille (soit la vie réelle). Il assiste donc à un suicide en direct, qui ne se solde pas par un retour du joueur dans le virtuel. Suite à quoi il est littéralement kidnappé par les gros bras de la VirtNet Security, qui semble trouver parfaitement normal de recruter trois adolescents hackers sur les bords pour faire son travail. Premier point d’achoppement. Sérieusement ? Des adolescents sans autre qualification que leur génie autoproclamé pour faire le travail de professionnels virtuoses du secteur ? Là où les dystopies mettent en scène des adolescents révoltés (et tout le monde sait à quel point l’adolescence est une période de révoltes intenses !) se battant pour rendre leur monde meilleur, on a du mal à concevoir comment Michael, Sarah et Bryson peuvent être recrutés pour travailler à la place de l’agence gouvernementale.
Mais acceptons ce point de départ comme étant un poncif des romans young-adult et passons à la suite sans se poser plus de questions.
Malheureusement, ce n’est guère meilleur. D’une part parce que les personnages sont tellement creux qu’ils en deviennent absolument inintéressants. Michael, Bryson et Sarah manquent cruellement de personnalité. On les subit, on ne peut faire mieux. Difficile, de fait, de se passionner pour leurs tribulations. Les personnages secondaires sont à l’avenant et sont aussi classiques qu’interchangeables – non seulement entre eux mais avec les classiques du genre. On trouve évidemment l’agent de la VNS compétente (mais pas assez pour faire le ménage elle-même) et flippante à tel point qu’elle en devient presque un opposant ; le bad guy de service qui agit à coups d’intelligence artificielle pernicieuse ; la patronne de la pègre tenancière de bordel, et bien d’autres. Bref : c’est cliché.
Et ce ne sont pas les péripéties qui viennent pimenter la sauce. L’ensemble manque de relief : les rebondissements sans saveur s’enchaînent et ne surprennent guère. Y compris le twist final que l’on voit venir à des kilomètres et qui est d’une telle simplicité que l’on se demande si l’auteur ne joue pas la carte de la parodie. Mais… non. Ou alors le trait est affreusement forcé.
Cruelle déception, donc, que ce Jeu du maître, dont l’intrigue ne décolle à aucun moment et s’embourbe malheureusement dans les poncifs les plus courus de la littérature young-adult.
Mortality Doctrine, tome 1, Le Jeu du maître, James Dashner. Traduit de l’anglais par Guillaume Fournier. Pocket Jeunesse (PKJ), mars 2016.
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