SÉRIE TV — Depuis fin janvier, le petit monde des sériephiles n’a que cette série en bouche : Riverdale vient de faire une entrée fracassante dans le catalogue Netflix. Réécriture Young Adult d’un comics des années 40, que l’on connaît en France pour avoir inspiré Archie mystères et compagnie il y a quelques années, cette teen-série est diffusée sur Netflix à raison d’un épisode par semaine… Est-ce que ça vaut le coup ? Clairement. Et on vous dit pourquoi…
Parce que c’est une série diablement efficace qui se joue des clichés
Riverdale est une petite ville américaine comme il en existe des milliers d’autres : la bourgade souscrit d’ailleurs à tous les clichés de la petite ville anonyme du fin fond des States. Paumée au milieu de la forêt, Riverdale semble figée dans le temps, comme une version fantasmée de l’American Dream au lycée. Il suffirait de peu pour transposer la série en 1955. En effet, que font les jeunes de Riverdale pour s’occuper quand ils n’arpentent pas les couloirs du lycée ? Ils vont boire un milk-shake au Pop’s, le diner local, ou regarder un film au drive-in. Mais cette année, les lycéens de Riverdale High n’ont pas de quoi s’ennuyer : le quarterback vedette, Jason, a disparu pendant l’été lors d’une balade en barque avec sa jumelle, qui n’est autre que la reine des abeilles. Ajoutons à cela l’arrivée d’un élément perturbateur en la personne de Veronica Lodge, la petite nouvelle venue tout droit de l’Upper East Side, et vous aurez le cocktail réussi pour une rentrée mouvementée au lycée de Riverdale…
Riverdale reprend tous les codes des séries pour ados : on retrouve une pincée de Pretty Little Liars, Glee et de Veronica Mars, dans une ambiance qui rappelle celle de Twin Peaks. Aux intrigues de lycée (les amourettes des uns, les ambitions des autres, la rivalité entre jeunes…) s’entremêle une enquête (qu’est-il arrivé à Jason Blossom ?) qui va de rebondissement en rebondissement. Le spectateur avance en terrain connu : il se sent chez lui dès que le premier épisode, et dévore les suivants avec un plaisir un peu coupable, car la série cumule avec bonheur ces deux aspects. Ainsi, on s’intéresse aussi bien au triangle amoureux entre Archie, Veronica et Betty qu’aux recherches du corps de Jason, puis de son meurtrier… Avant même d’avoir eu le temps de dire « ouf », vous vous surprenez à avoir vu tous les épisodes disponibles.
Pour le décalage entre une ville désuète et des préoccupations so 2017
On l’a dit, Riverdale a un charmant aspect suranné : si Marty McFly y avait débarqué en espérant trouver les années 2010, nul doute qu’il aurait cru que sa DeLorean était cassée, tant la bourgade suinte les années 50. Les personnages aussi. Peut-on faire plus 1955 que Betty, sa blondeur candide et sa queue de cheval haute ? Le diner, véritable point de ralliement des adolescents du coin, est lui aussi clairement un rescapé du siècle passé, avec ses banquettes rouges, son jukebox à chaque table et ses néons délicieusement rétros. Cela donne un véritable charme à la série, une certaine esthétique désuète, qui n’empêche pas l’arrivée de problèmes bien de notre époque dans l’histoire que nous conte la série. On retrouve ainsi Riverdale là où on ne l’attendait pas, dans la dénonciation d’un mal bien de notre époque : le cyber-harcèlement. Ainsi, Veronica, la petite nouvelle, découvre qu’une photo d’elle au message injurieux sur les réseaux sociaux : la voilà partie en croisade contre le slut-shaming. Et c’est assez jouissif.
Pour les personnages !
La série semble reprendre tous les clichés de la teen-série en milieu lycéen, de la hiérarchie scolaire vue et revue aux préoccupations des adolescents qui la compose. De prime abord, les personnages principaux semblent tous incarner un type bien précis : Archie est le gendre idéal, il est beau, gentil, joue au football et est un musicien plutôt talentueux. Sa voisine et meilleure amie Betty est l’archétype même de la girl next door, douce et gentille, tandis que Veronica incarne la fille sophistiquée et sulfureuse venue tout droit de la grande ville. Jughead, lui, est l’outsider prometteur et Kevin, le bon copain gay aux remarques acerbes. Les parents eux-mêmes suivent cette tendance : l’un d’eux est le shérif de la ville, une autre une journaliste sans scrupule…
Pourtant, rapidement, le côté lisse des personnages se fissure. Betty ? Elle a l’air sage comme ça, mais ce n’est pas la dernière à tenter des choses irraisonnables, voire même illégales. Et si elle cachait même une face beaucoup plus sombre que celle, déjà bien obscure, qu’elle nous a laissés deviner lors de son plan pour venger Veronica ? Et si c’était elle la meurtrière que toute la ville recherche ? Veronica ? Elle cache au fond quelques fêlures que le spectateur sera ravi d’explorer. Archie ? Le gendre idéal dissimule lui aussi quelques secrets.
On se prend d’affection pour cette galerie de personnages : chacun a son chouchou. Le nôtre, c’est Jughead.
Pour savoir ce qu’est devenu le petit Ben Geller de Friends…
Blague à part, Cole Sprouse, qu’on a effectivement connu comme le fils de Ross dans Friends, incarne avec talent le narrateur de la série, Jughead. Jughead, c’est ce garçon un peu solitaire et visiblement très créatif qui semble observer la vie du lycée de loin, en se rêvant écrivain. Ex-meilleur ami du héros, le personnage devient de plus en plus actif en fil des épisodes, en rejoignant Betty au sein de l’équipe du journal du lycée. Il y a quelque chose de vraiment attendrissant chez ce personnage, capable de remuer ciel et terre pour sauver le drive-in, chez qui le journalisme sonne comme une évidence. Tout aussi charismatique qu’Archie, pourtant le héros, Jughead est probablement LE personnage à suivre de près.
Rendez-vous vendredi pour le cinquième épisode de la série. On a hâte !
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