ALBUM JEUNESSE — Dan Santat est un auteur-illustrateur américain au parcours éclectique : il a étudié la biologie à l’Université de Californie et l’illustration à l’Art Center College for Design. Il a travaillé au design de jeux vidéo, avant de devenir illustrateur indépendant. En 2015, il a reçu la médaille Caldecott, qui récompense l’illustrateur du meilleur livre pour enfants de l’année, pour Beekle, un ami inimaginaire, le très très bel album dont on vous parle aujourd’hui !
Beekle vient du monde où naissent les amis imaginaires. Chaque nuit, il attend qu’un enfant l’imagine et fasse appel à lui pour jouer avec lui. Mais son tour ne vient jamais. Alors, il finit par prendre son courage à deux mains et réalise l’inimaginable. Il brave mille et un dangers pour rejoindre notre monde… et ses découvertes ne sont pas franchement folichonnes. À moins que… notre monde puisse aussi recéler de bonnes surprises ?
La vie de Beekle n’est pas bien marrante, quand on y pense : il n’est devenu l’ami imaginaire de personne et, alors qu’il atteint enfin le monde réel pour accélérer le mouvement, il découvre un univers gris, froid et triste. Un univers dans lequel les gens ne s’arrêtent même pas pour écouter la musique dans le métro, s’endorment n’importe où (mais souvent dans le métro) et se montrent, globalement, assez désagréables. Heureusement, les parcs pour enfants semblent échapper à cette malédiction et c’est là que Beekle pourrait bien trouver ce qu’il cherche.
L’histoire de Dan Santat célèbre, évidemment, l’amitié, mais aussi la persévérance et le partage, au travers d’une histoire pleine de finesse. Le tout dans un univers parfois fantasmagorique, souvent poétique et qui entraîne le lecteur dans des volutes colorées enchanteresses.
L’illustrateur, en effet, n’est pas avare de couleurs ou de formes originales pour dépeindre un monde chaleureux (qu’il soit imaginaire, ou réel et sublimé par l’amitié), qui vient s’opposer au monde gris et froid que Beekle découvre en arrivant. Les amis imaginaires, de leur côté, peuvent avoir des formes connues (on croise une pieuvre) ou être totalement sortis de l’imagination de leur auteur (c’est le cas de Beekle, qui ressemble à la fois à un fantôme, à un bonhomme de neige et à une baleine blanche, coiffé d’une couronne en carton doré !).
Le texte, de son côté, est assez concis et parfois entrecoupé de sublimes double-pages muettes et pourtant très parlantes. Une fois la dernière page tournée, on comprend à quel point la médaille Caldecott était méritée !
Voilà donc un très bel album à lire aux jeunes enfants, dès 3 ans, et sans modération !
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