Quatre livres que nous n’avons jamais terminés

LECTURE — Nous avons beau être de grosses lectrices, il arrive parfois que nous commencions un roman sans jamais le terminer. Oihana et Emily en ont choisi deux chacune, et vous expliquent pourquoi !

Le choix d’Oihana : Double assassinat dans la rue Morgue, Edgar Allan Poe

Je suis en classe de sixième et j’emprunte au CDI, sur les conseils d’une surveillante bibliophile, Double assassinat dans la rue Morgue, un récit fantastique et un peu sombre d’Edgar Allan Poe. Pour mémoire, c’est l’histoire de deux femmes assassinées très – TRES – sauvagement dans leur appartement, dont toutes les issues sont fermées. Détail sordide supplémentaire : il y a en a une tassée dans la cheminée. Et s’il y a un truc qu’Edgar Allan Poe sait faire, c’est installer une ambiance horrifique parfaitement réussie, apte à faire dresser les cheveux sur la tête. Et ça marche. Sauf que voilà. A l’époque, je rentre du collège seule, à pieds, comme une incroyable quantité d’élèves. Or, c’est l’hiver, ce qui signifie que je dois rentrer de nuit. A l’époque, l’éclairage dans ma rue est plus que faiblard, ce qui m’oblige à parcourir une cinquantaine de mètres dans ce qui me semble être l’obscurité la plus complète – objectivement, on voyait un peu, mais pas suffisamment pour déceler quelqu’un dissimulé dans le noir, par exemple ! Combiné à ma lecture en cours, je me retrouvais paralysée devant cette horrible mare de ténèbres, à monter des scénarios tous plus farfelus les uns que les autres, sur ce qu’il pouvait bien se cacher dans cet espace ou, pire… sous le porche de la maison – non seulement plongé dans l’obscurité, mais en plus non visible depuis la rue. Pour ma santé mentale, j’ai fini par abandonner le livre, après de nombreux cauchemars. Je ne l’ai jamais repris !

Double assassinat dans la rue Morgue, Edgar Allan Poe

Le choix d’Oihana : L’Assassin Royal, Robin Hobb         

Cette fois, je suis un peu plus âgée, à l’université, et je pille allègrement les rayons des littératures de l’imaginaire à la médiathèque pour changer un peu de l’ordinaire. Comme de juste (et peut-être pour coller à mon cursus ?), j’essaie de lire des grands classiques du genre. Je prends donc… L’Assassin Royal. Et là, enfer et damnation. Je ne peux pas en lire plus de quelques pages par jour parce que ce sont les partiels et cette contrainte temporelle a certainement joué. Déjà, j’ai pris une édition qui a l’air d’être là depuis la création de la médiathèque (c’était la première édition française) : autant dire que le bouquin lui-même n’était donc pas franchement sexy. À côté de ça, j’ai trouvé la traduction poussiéreuse à souhait et je suis restée totalement hermétique tant à l’univers qu’aux personnages et à ce qui leur arrivait. Alors, j’ai bien conscience qu’après ça, la communauté de l’imaginaire va sans doute me tomber dessus à bras raccourcis (Emily ne dit rien, mais je sais qu’elle me juge en silence, là tout de suite !) mais voilà, je n’ai pas accroché. Et la date de retour à la médiathèque étant arrivée plus vite que la fin des partiels, je ne m’y suis pas remise. À retenter, peut-être ?

L’Assassin Royal, Robin Hobb

Le choix d’Emily : Les Deux Tours, Tolkien

Nous sommes début 2002 et je viens d’avoir onze ans. Harry Potter, Pokémon et Britney Spears triomphent dans les cours de récréation. Gros succès cinéma de la fin d’année 2001, Le Seigneur des anneaux est de nouveau à la mode et l’on vient justement de m’offrir la trilogie, dans un coffret Folio Junior. Enthousiasmée par le film, que je suis allée voir avec mon papa tout aussi emballé, je commence à lire les romans de Tolkien. J’arrive à lire le premier tome : dépendante des bus, je suis souvent très en avance le matin quand je vais au collège, et j’arrive à venir assez facilement à bout de La Communauté de l’anneau. Mais Les Deux Tours aura raison de ma volonté : n’oublions pas que je n’étais alors qu’une petite élève de sixième, certes grande lectrice, mais finalement vaincue par le récit touffu et extrêmement riche en descriptions de Tolkien. Je n’ai jamais réussi à terminer la trilogie, mais j’ai en revanche lu avec plaisir Bilbo le Hobbit quelques années plus tard…

Les Deux Tours, Tolkien

Le Choix d’Emily : La Vallée des chevaux, Jean M. Auel

Encore la preuve qu’avec moi, les deuxièmes tomes, ça passe ou ça casse. En ce qui concerne La Vallée des chevaux, il s’agit encore une fois d’un livre lu trop jeune. Lectrice avide, j’étais déjà, à onze ans, très attirée par les récits historiques. Un adulte de mon entourage, voulant me faire plaisir, a demandé conseil à un libraire qui lui a suggéré de m’offrir le premier volume des Enfants de la terre, saga préhistorique de haut vol, qui a séduit de nombreux lecteurs depuis des décennies. Si cette série est effectivement un gros succès de librairie, elle n’est pas franchement accessible à une aussi jeune lectrice. J’ai pourtant dévoré le premier tome, malgré certaines scènes assez violentes (un viol, notamment, suivi d’un accouchement extrêmement réaliste). Mais le deuxième tome m’a définitivement détournée de la série, quand notre héroïne rencontre l’amour et découvre avec force descriptions les joies du sexe. Après une première scène extrêmement explicite qui a choqué la gamine de cinquième que j’étais alors, j’ai failli renoncer. Mais je croyais à l’accident de parcours, au détail dans une histoire par ailleurs passionnante. Mais non ! C’était une véritable lune de miel pour nos deux héros, qui remettaient ça toutes les quinze pages. Après en avoir appris bien plus que je ne le souhaitais sur les différentes positions en vogue à la préhistoire, j’ai définitivement mis de côté cette série… Je continue à me demander, quinze ans après, ce qui a pris à ce libraire de conseiller cette série pour une enfant de onze ans…

La Vallée des chevaux, Jean M. Auel

6 Commentaires

  1. Ok Emily je ne te parle PLUS JAMAIS. DE LA VIE. PARCE QUE LES DEUX LIVRES QUE T’AS MIS ILS SONT TRES TRES BIEN.

    Bon en vrai j’suis de mauvaise foi parce que j’ai aussi abandonné les Enfants de la Terre pour les mêmes raisons, j’étais franchement pas fan des ébats folichons d’Aila et Jondalar… J’ai fini par me faire raconter la fin de la série par une pote, l’année dernière. Et du coup y avait pleeein de trucs intéressants mais pfffff 50 shades avant l’heure merci mais non merci ! 😀 Même maintenant, je pense que ça me gonflerait… 🙁

    Par contre le SdA t’as pas le droit. grognougnougnou.

  2. J’avais tenté la lecture du Seigneur des Anneaux à l’âge de 13 ans. J’ai fini par abandonner, trouvant cette lecture beaucoup trop fastidieuse pour mon âge, mais je m’étais promis d’y revenir dans quelques années. J’ai fini par lire la trilogie un peu plus de 10 ans plus tard et malgré tout, ça reste une lecture fastidieuse !

    Les amateurs du genre ne m’aimeront pas, mais je suis beaucoup plus  »fan » des films, que j’adore totalement. 😉

  3. Nous avons des points communs! Je ne suis jamais arrivé au bout du « Seigneur des anneaux » (et donc, je ne suis jamais arrivé aux « Deux tours », puisque mon meilleur score est autour de la page 120 du premier tome…), et si j’ai bien terminé ma lecture du « Double assassinat de la rue Morgue », cela a épuisé toute ma curiosité envers E. A. Poe. J’étais jeune alors – je pourrais réessayer, au moins pour ce dernier auteur. Mais Tolkien, ça va, je suis vacciné! 🙂

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