LITTÉRATURE CONTEMPORAINE – Il y a trois ans, nous vous parlions du roman Les Stagiaires, de Samantha Bailly. Et la suite des pérégrinations de nos jeunes stagiaires vient enfin de paraître ! Cette fois, le stage est fini et ils briguent un poste… mais il y a loin entre le stage de fin d’études et le mirifique CDI. Entre les deux, place à la magie – relative – du CDD !
Pyxis fait saliver aussi bien les auteurs en recherche d’éditeur que les amateurs de cultures populaires, qui rêvent de faire leur carrière au sein d’une entreprise aussi novatrice, audacieuse, dynamique et attirante. Ophélie était de ceux-là, à l’orée de son stage. Elle fait partie, avec Alix, des rares stagiaires de Pyxis à avoir surmonté l’épreuve du stage et à être restés en CDD dans l’entreprise. Depuis les débuts de son stage, la jeune femme a clairement déchanté : Pyxis ne lui semble plus ce havre de créativité et de bonne entente pourtant revendiqué. Mais même si tout n’est pas toujours rose au royaume de Pyxis, Ophélie est bien décidée à mériter le Graal de notre génération : le CDI.
De l’autre côté, dans un registre tout différent, il y a Samuel, brillant chercheur en informatique mais terrassé par une dépression qui l’a empêché de terminer sa thèse. Faute de retrouver l’inspiration, il accepte un poste chez Pyxis, un poste purement alimentaire, et met les deux pieds dans un univers auquel il ne connaît rien du tout et qu’il va découvrir, un peu comme Ophélie dans le précédent opus.
Au fil des chapitres, Samantha Bailly s’attache aux pas des différents personnages : les nouveaux stagiaires de Pyxis, les employés avec la tête sous l’eau, les nouveaux embauchés, ceux qui partent volontairement ou de force, les anciens stagiaires qui ont décidé de prendre une année sabbatique ou ceux qui galèrent dans les méandres du chômage… C’est un portrait très complet d’une génération totalement désenchantée qu’elle nous dresse là. Dit comme cela, on pourrait se dire que l’histoire est un peu déprimante mais en fait, pas tant que ça. Car Samantha Bailly a su équilibrer le portrait : certes, les personnages sont croqués à fleur de peau et il est difficile de ne pas se sentir touchés par leurs déboires (personnels ou professionnels), mais le roman est aussi émaillé d’humour, qui vient offrir des petites bulles d’air dans le récit. Autre point très intéressant : Samantha Bailly ne développe pas seulement les personnages de la génération d’Ophélie : leurs proches, leurs collaborateurs plus âgés ont aussi droit à leurs trajectoires, ce qui rend le roman extrêmement riche.
La plume de Samantha Bailly est fluide comme tout et nous entraîne avec une redoutable efficacité dans les couloirs de Pyxis. Son récit est émaillé de petites phrases qui font mouche et que l’on déclinerait volontiers en citations inspirantes. Côté intrigue, pas de crainte quant à la linéarité : il n’est pas seulement question pour les personnages de perdurer dans l’entreprise. À côté de cela, ils ont aussi des vies privées, souvent complexes, qui ne leur laissent pas toujours de répit : entre amours déçues ou réussies, familles elles aussi en proie à leurs difficultés et petits problèmes du quotidien, on ne s’ennuie pas une seconde. Et vu ce sur quoi s’achève le roman, on a hâte de lire la suite !
Les Stagiaires avait été une excellente découverte ; À durée déterminée est du même acabit. On rit, on grimace, on se passionne littéralement pour les aventures de ces personnages en prises à des problèmes que l’on comprend aisément, et ce d’autant plus lorsque l’on a traversé les mêmes turbulences. Samantha Bailly dresse un magnifique portrait d’une génération Y qui a certes perdu ses illusions, mais qui sait encore rêver. Et le roman est porteur de ce message d’espoir !
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