CINÉMA — Lorsque la nouvelle de la sortie d’une préquelle à la saga La Planète des singes a été annoncées pour la première fois, beaucoup d’entre nous étaient sceptiques, en particulier ceux qui ont adoré la franchise classique du film qui a débuté en 1968, engendrant quatre séquelles, et une série télé à succès. Le remake de 2001 dirigé par Tim Burton avait déjà fait parler de lui partout dans le monde. Mais 10 ans plus tard, nous avons été agréablement surpris par La Planète des singes : Les Origines du réalisateur Rupert Wyatt, et encore plus impressionné par la suite, La Planète des singes : L’Affrontement, du cinéaste Matt Reeves, sortie 2014. Aujourd’hui, Matt Reeves est retourné derrière la caméra pour La Planète des singes : Suprématie, un film qui n’est pas seulement l’un des succès les plus importants de la décennie, mais le chapitre final de ce qui sera considérée comme l’un des meilleures trilogies cinématographiques.
L’action se déroule deux ans après La Planète des singes : L’Affrontement, et pour ceux qui n’ont pas vu les deux premiers films, un rapide état des lieux de l’histoire extrêmement abrégée est présenté. Les soldats patrouillent dans les bois, à la recherche de singes qui persistent dans la région après l’appel de l’armée que l’on peut voir à la fin du film précèdent. Les casques des soldats arborent fièrement des pseudos comme « Monkey Killer » alors qu’ils se déplacent dans les bois, en attendant d’attaquer un petit avant-poste de singes. Le ton est donné : il faut exterminer les singes. Alors que les coups de feu et les explosions se font écho dans les bois, on peut s’apercevoir que les singes n’ont pas la même puissance de feu et les mêmes armes que les soldats humains. Ils compensent cet handicap grâce à leurs capacités physiques, leur habilité et leur ingéniosité. Cependant, les humains ont l’avantage d’avoir quelques singes qui travaillent avec et surtout pour eux. Ils ne sont pas reconnus comme égal de l’homme et il est inscrit « âne » sur leur dos. Cet élément renforce l’idée de lutte entre l’humanité et les singes. Cette séquence d’ouverture, véritable prouesse, fera écho à des film classique tel qu’Apocalypse Now.
Le responsable de cette attaque des plus sanglantes, qui avec ses troupes n’arrêtera pas la traque des singes quoi qu’il arrive, est le Colonel (incarné par Woody Harrelson). Le genre de leader qui ne connait aucune pitié et a soif de vengeance suite à la mort de quelques-uns de ses hommes durant la bataille… Il n’hésite pas à se servir de leur mort comme levier de motivation pour ses hommes et ne va pas tarder à se venger.
Après toutes ses luttes meurtrières, César (brillamment interprété par Andy Serkis) et ses amis ont pris la fuite pour se mettre en sécurité. Personne ne sait exactement où est César est ce qu’il compte faire par la suite, bien que nous apprenions relativement rapidement que son principal objectif est tout bonnement la survie. C’est un aspect narratif intéressant du film, le fait que César semble souvent chercher simplement la paix, mais qu’il est sans cesse ramené au cœur du conflit par des êtres humains qui refusent de laisser une chance à la coexistence avec une espèce qui peut être leur est supérieure. L’un des nombreux éléments brillants du scénario de Mark Bomback et Matt Reeves est sa perspective forcée. En dehors de cette séquence d’ouverture, nous restons presque entièrement avec César alors qu’il décide de faire route vers la base humaine mystérieuse du Colonel avec quelques amis et une fille muette qu’ils trouvent sur le chemin et qu’ils nomment Nova (Amiah Miller). Ce milieu de film rappelle les films de western moderne où le héros et ses proches se rendent dans une ville dont le chef a perverti l’âme de ses occupants. Il est alors beaucoup plus fort et plus facile de s’identifier à César car nous sommes en voyage avec lui, en sachant tout ce qu’il sait, avec pour mission d’éviter une guerre.
Comment convaincre les spectateurs qui sont réticents à voir un film sur des singes parlants que ces trois films sont l’une des meilleures trilogies hollywoodiennes de la décennie ? La Planète des singes : Suprématie est un miroir de ce que les êtres humains sont aujourd’hui. Il s’agit de luttes intestines et de vengeance. Il s’agit de la perte et de la nécessité pour les gens de tenir fermement à ce qui les maintient soudés. Lorsque notre société est touchée ou détruite, nous répondons uniquement par la colère et la violence. Et quand il y a des choses dans le monde que nous ne comprenons pas, nous répondons par la peur et n’hésitons pas à prendre le contrôle en utilisant la force si nécessaire. Tout cela et bien plus encore est dépeint par La Planète des singes : Suprématie d’une manière qui ne vous frappe pas au premier regard. Bien que ce soit peut-être un peu trop long, surtout dans ses multiples finalités, c’est un film incroyablement mémorable, le genre qui s’améliore dans notre mémoire en lorsque l’on repense au scénario du film.
Grâce aux effets visuels, il y a de l’émotion dans chaque scène, car difficile de l’oublier, mais ces singes sont des créations numériques ajoutées grâce à de nombreuses performances de capture de mouvement. Ces mouvements subtils des yeux, un tremblement de la lèvre, et plus, qui font que ces singes paraissent réels, sont un véritable tour de force pour Andy Serkis et ses collègues incarnant avec émotion l’attitude des primates. La Planète des singes : Suprématie est peut-être la plus grande réalisation de Matt Reeves. La narration sur plusieurs films permet une histoire beaucoup plus engageante avec des personnages qui changent avec le temps lorsqu’ils rencontrent de nouveaux défis. Avec cette trilogie, nous suivons César à travers une évolution qui peut ressembler à celle que Wolverine a connue sur grand écran, depuis son introduction dans X-Men jusqu’à Logan de l’on a vu dernièrement au cinéma. César n’est pas humain, c’est un mutant, un produit de l’expérience humaine, qui deviendra un leader respecté, mais qui doit aussi faire face aux événements des plus troublants qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, en particulier la décision de tuer le rebelle Koba dans le film précédent. C’est le genre de progression qui donne de l’importance, de la substance et de l’intérêt au personnage. Quant à savoir si César rencontrera le même sort que Wolverine dans Logan, c’est à découvrir au plus vite sur grand écran.
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