PREMIER ROMAN — Ça y est : c’est l’anniversaire de Jeanne, elle fête ses trente-trois ans. Mais plutôt que la réjouir, cette perspective lui assène un coup de massue. Fraîchement larguée, seule dans son petit studio, Jeanne se rend compte que l’enfant tant désiré avec son ex s’éloigne dangereusement. Elle fait un rapide calcule : 89 mois, soit 7 ans, la séparent de l’âge fatidique des 40 ans, qui, selon elle, sonnent le glas de sa fertilité. Jeanne décide donc de faire un bébé toute seule, et au diable l’avis des autres.
Qu’elle est humaine, cette héroïne, et terriblement vulnérable ! Son envie d’enfant devient son obsession. Pour cela, elle est prête à tout, y compris à se mettre en danger avec des parties de jambes en l’air non protégées avec des inconnus. Souvent envieuse, parfois immature, notre Jeanne est touchante dans ses défauts. On a envie de lui promettre que tout ira bien.
Elle incarne avec justesse cette pression sociale imposée aux femmes : à trente ans, il faut impérativement avoir le package mari/enfant/propriété. Celle-ci est insidieuse, se fait à coups de petites remarques faussement bienveillantes et de questions indiscrètes : c’est quand que tu nous présentes ton petit ami ? Il faudrait songer à se caser. L’horloge tourne. Il est temps que tu te te maries/pondes un petit… Personne ne songe aux femmes qui ne veulent ni l’un ni l’autre et une fois sur deux, quand elles osent le dire, on leur répond un sommaire « bah tu as encore le temps de changer d’avis ! »
Jeanne, elle, sait ce qu’elle veut depuis l’enfance : l’histoire d’amour, puis le bébé. Mais la voilà de nouveau seule à 33 ans. Elle décide donc de zapper la romance et de faire directement le bébé. Chaque homme devient alors un géniteur potentiel : le voisin, l’ami… même le pharmacien à qui elle achète un thermomètre pour la fameuse courbe de température… Mais les mois passent et de bébé, il n’y a pas. Viennent alors les regards envieux aux ventres rebondis des autres, les examens de santé, les coups de blues… Caroline Michel décrit admirablement ce besoin lancinant d’enfant qui anime Jeanne, cette obsession qui rythme sa vie.
C’est un roman qui sonne très juste, très actuel, porté par une héroïne très fraîche, très humaine, et par sa bande d’amis tout aussi sympathiques et réalistes. On y trouve l’amie un peu donneuse de leçons, à la vie parfaite, le bon copain un peu niais mais très gentil, l’amie délurée, le voisin sympa avec qui se chamailler… Jeanne, dans tout ça, se cherche, se compare, se confie. Pour un premier roman, c’est tout à fait réussi !
Le thème de ce roman est vraiment actuel. Moi même je souffre de cette pression sur mon utérus. ce livre me tente.