NEW YORK — Annie O’Neill, une trentenaire new-yorkaises, tient une petite librairie en plein Manhattan. Non, ce n’est pas le début de Vous avez un message, mais bien du dernier roman de R. J. Ellory paru en France : Les Fantômes de Manhattan.
Libraire, Annie n’aurait aucun mal à croire qu’un livre peut changer une vie. Mais elle ne pense probablement pas que celui-ci se présentera entre les mains d’un certain Forrester, un vieil homme qui pousse un jour la porte de sa librairie pour lui remettre les feuillets d’une histoire pour le moins étonnante. Forrester dit avoir connu le père d’Annie, mort quand celui-ci était enfant. Intriguée, Annie se plonge dans le manuscrit de Forrester, et découvre une fiction étonnante, qui commence à l’est de l’Europe et se poursuit dans les bas-fonds du New York des années 50…
Le lecteur suit donc deux histoires : celle d’Annie, cette trentenaire réservée et pas franchement dégourdie qui trouverait amplement sa place dans une comédie des années 90, et celle d’Harry Rose, une figure du banditisme new-yorkais, qui a connu les horreurs de Dachau. Bien sûr, les deux histoires sont intimement liées et le lecteur prend plaisir à émettre les conjectures les plus échevelées. Aura-t-il raison ? Il faut, pour le découvrir, dévorer le roman jusqu’aux ultimes pages.
Pour être tout à fait honnête, on s’intéresse bien plus à Harry Rose, à sa personnalité trouble et aux actions souvent odieuses qu’il mène, qu’à Annie, ennuyeuse comme la pluie, que le lecteur a envie de secouer (ce que son voisin, Sullivan, s’emploie à faire à sa place, merci !). Heureusement, Annie a enfin un sursaut au fil du récit, et cesse peu à peu d’être cette petite souris effacée et solitaire qui n’ose jamais rien. Sa rencontre avec le beau David n’y est pas pour rien, mais, attention, ce n’est pas ce que vous croyez. On n’est pas dans un récit à l’eau de rose, et R. J. Ellory utilise la manière forte pour nous le rappeler. Ainsi, les âmes sensibles grimaceront sûrement à la lecture de certaines scènes de torture et de meurtre : l’horreur de Dachau, et les actes odieux perpétrés par Harry Rose peuvent choquer.
Mais se focaliser là-dessus uniquement serait nier le talent de conteur indéniable dont fait preuve l’auteur, qui nous narre avec maîtrise une histoire ample et ambitieuse, sur deux continents et plusieurs décennies, minutieusement entrelacée avec un récit en apparence plus classique – celui d’Annie, de sa rencontre avec Forrester, de sa relation avec David, de sa quête touchante (bien qu’un peu mollassonne, comme souvent avec Annie) du père. Annie a toujours voulu savoir d’où elle venait. Mais est-on jamais prêt à découvrir qui étaient nos parents, quels êtres humains ils étaient, en dehors de nos géniteurs ? La réponse que propose R. J. Ellory est intéressante, et nous vous laissons la découvrir.
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