BANDE-DESSINÉE JEUNESSE — Scott Westerfeld est un auteur américain connu pour ses séries pour adolescents comme Uglies, ou Léviathan. Le voici qui revient avec un titre graphique, illustré par Alex Puvilland. L’illustrateur français, après des études aux Gobelins, a cosigné des bandes-dessinées et notamment travaillé pour Dreamworks. Tous deux se sont associés pour créer Spill zone, une bande-dessinée mêlant anticipation, monstres et mystères.
Trois ans avant le début de l’histoire, la petite ville de Poughkeespsie a été détruite au cours de mystérieux événements. Depuis, la ville est devenue une zone à hauts risques, heureusement contrôlée par le gouvernement, qui s’assure que personne ne s’y aventure plus.
Au cours de cette terrible nuit, Addison, désormais jeune adulte, a perdu ses parents ; sa petite sœur Lexa, gravement exposée aux événements, est devenue totalement mutique. Elle communique avec Vespertine, une étrange poupée, laquelle s’anime de temps en temps, dans des scènes un tantinet effrayantes — Vespertine est, à n’en pas douter, le pendant féminin du M. Nyx d’Ariel Holzl !
Addison est photographe et a la manie de déjouer les barrages des militaires pour accéder au no man’s land. Ses clichés, très prisés des collectionneurs, permettent aux deux sœurs de survivre. Justement, une mystérieuse collectionneuse demande une nouvelle série de clichés à Addison, qui vont l’obliger à s’enfoncer de plus en plus dans la cité. Qui sait ce qu’elle y découvrira ?
Le début de Spill zone nous fait découvrir un univers désolé et une ville dévastée par on ne sait quelle catastrophe d’envergure. L’ambiance est donc au post-apocalyptique, ce que les paysages désertiques et peu accueillants traduisent à merveille. Or, rapidement, il s’avère que le surnaturel s’est installé à Poughkeepsie : les traversées d’Addison, tantôt poétiques, tantôt littéralement angoissantes, nous plongent dans une atmosphère très particulière. D’autant que, rapidement, elle fait des découvertes qui, loin d’apporter des réponses, ne font qu’accumuler les questions.
Parallèlement à ces excursions dans la ville – toujours plus osées – on découvre la vie que mènent les deux sœurs. Si Addison est celle qui assure la part d’aventure du récit, Lexa est certainement celle qui porte la part fantastique. Mutique, elle porte en elle le souvenir des événements tragiques de la nuit de la destruction de la cité, dont on ignore les détails – ce qui les rend assez angoissants. Toutefois, elle communique avec sa poupée, qui est manifestement habitée par une entité dont, là encore, on ignore tout, et qui l’aide à traverser l’épreuve.
Alex Puvilland a habillé le récit de graphismes dans le style de la ligne claire et qui opposent deux ambiances : couleurs sombres et très saturées pour la zone du dehors, pastels plus clairs et presque joyeux pour la zone dévastée, comme pour souligner l’ambiance fantasmagorique de la petite cité.
L’intrigue, quant à elle, semble suivre les capacités de la moto d’Addison : du 0 à 100 en quatre secondes, et c’est à peu près ce qui se produit pour le lecteur. On passe de phases calmes et réflexives à des scènes bourrées d’adrénaline, dont on sort quasiment en haletant, bien contents de ne pas être sur le siège arrière de la bécane d’Addison. On entrevoit des réponses, mais elles suscitent encore plus de questions, ce qui promet pour le second volume. Et c’est de pied ferme qu’on attend celui-ci, surtout après le rebondissement final !
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