FANTASY URBAINE — Engrenages & sortilèges, le dernier livre d’Adrien Tomas, est un roman d’aventure et d’apprentissage sur fond de fantasy, le tout saupoudré d’une atmosphère steampunk. Et le mélange, qui n’est pas sans rappeler Les Sœurs Carmines ou encore Sorcières associées par certains aspects, est savoureux !
Grise et Cyrus sont élèves à la prestigieuse Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre, mais attention, chacun sa spécialité. Grise est passionnée par les arts mécaniques : automates, engrenages et clef à molette qui ne la quittent jamais. Cyrus, de son côté, est plutôt versé dans les sciences occultes. Et les deux factions de l’école ne se portent pas vraiment dans leur cœur : autant dire que les relations entre les deux sont de base plutôt tendues. Une nuit, l’apprentie mécanicienne et le jeune mage échappent de justesse à un enlèvement au sein même de leur internat. Alors qu’ils se détestent, ils doivent fuir ensemble et chercher refuge dans les Rets, sinistre quartier aux mains des voleurs et des assassins. S’ils veulent survivre, les deux adolescents n’ont d’autre choix que de faire alliance, non seulement entre eux, mais aussi avec des gens pour le moins peu fréquentables… Mais pourquoi donc sont-ils la cible de ce mystérieux complot ?
Dès le début, le récit se révèle enthousiasmant et sympathique et l’on s’y immerge avec délice. L’atmosphère est soignée et l’univers étendu est crédible. Au fur et à mesure de l’histoire, on en découvre un peu plus sur le fonctionnement de la magie : celle-ci est basée sur l’arcanium dont les ressources ne sont pas illimitées et chaque sort a son coût. Alors certes, les mages possèdent une certaine réserve et des stratégies qui leur permettent de jeter des sorts basiques au quotidien, mais les exploits les plus fous nécessitent des quantités astronomiques de matière première. Ce qui a, bien entendu, des conséquences politiques !
Adrien Tomas a pris le parti de créer un monde où la magie a la part belle, certes, mais qui a également déjà connu sa révolution industrielle. Et ça change tout ! Avec les personnages, on évolue dans un monde où la magie devient petit à petit obsolète et réservée à une minorité. L’exemple le plus flagrant est l’usage qui est fait de la magie de guérison : trop gourmande en arcanium, elle est largement délaissée au profit des avancées technologiques et des techniques chirurgicales, quitte à guérir parfois moins bien. On voit également la magie se mettre au service des technologies nouvelles, et ça, ce n’est pas si courant en fantasy. Cela fait bien écho à l’inimitié latente entre les mages et les ingénieurs à l’Académie et ne demande qu’à être transposé à notre société.
Les personnages sortent également des sentiers battus et s’éloignent des clichés. Dans ce récit, c’est le personnage masculin de Cyrus qui est un peu précieux, pas sportif pour un sou et très soucieux de son apparence. Grise, quant à elle, est mécanicienne, et adore avoir les mains dans le cambouis. Elle n’est d’ailleurs pas un peu sans rappeler le personnage de Gaëlle, dans la saga de la Passe-miroir. N’ayez crainte, on ne tombe pas non plus dans le cliché inverse et les personnages restent bien dosés et crédibles : modernes quoi !
Alors si vous hésitez toujours entre magie et technologie, venez donc vous forger un avis avec ce roman de fantasy urbaine ! L’auteur en profitera avec subtilité pour soulever des problématiques intéressantes (et d’actualité s’il en est) qui ne manqueront pas de vous faire réfléchir … Une lecture qui a tout bon !
Soyez le premier à commenter