ALBUM — Samuel Ribeyron (illustrateur jeunesse, décorateur et réalisateur pour le cinéma) et Gauthier David (ex-chevalier combattant de patates, ex-chanteur en robe de diva, maintenant auteur et éditeur de livres jeunesse) s’associent pour créer un superbe album qui explore l’origine des peurs.
Un enfant, derrière sa fenêtre, croit voir une bête menaçante cachée dans les buissons du jardin. Il faudrait aller voir de plus près, mais l’enfant hésite. Lorsqu’il finit par sortir, chancelant, la bête a disparu, même s’il lui semble qu’il reste une grande paire d’yeux qui le regardent.
C’est dans des tons assez sombres, des noirs, des bleus, des verts et toutes leurs nuances, que se déroule la balade gentiment terrifiante de l’enfant dans son jardin. Dès la première page – toute noire, et simplement égayée de quelques lignes de couleur verte ! – le ton et l’ambiance sont donc donnés : on est là pour frissonner ! Et cette ambiance affleure autant dans les textes, qui laissent une immense place au doute, que dans les illustrations, qui nous cachent habilement la bête. Le suspens est donc présent, et ce jusque dans la forme de l’album, puisque les pages laissent deviner ou appréhender ce qu’il va se produire, au moyen d’astucieuses découpes, en formes de fenêtres, d’yeux inquisiteurs ou de formes quelque peu plus angoissantes. Et la bête, alors, qui fait si peur ? Nous n’en dirons rien, mais sachez que la fin nuance habilement le propos et évoque à merveille les peurs enfantines, tout en les dédramatisant.
Point bonus, sans aucun doute le meilleur de l’album : le récit comprend deux parties qui se répondent. Or, si dans la première, c’est l’enfant qui tremble devant la bête, dans la seconde, c’est l’inverse ! On suit la bête (toujours aussi invisible !), tremblant devant l’enfant qui l’observe sans relâche.
Voilà un très bel album, que l’on conseillera aux jeunes lecteurs (dès quatre ans), qui aiment frissonner un peu et surtout se rassurer à la fin, en découvrant que la bête n’était pas si terrifiante que cela !
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