Reines de sang : trois sœurs, trois destins.

Reines de sang, Philippa Gregory

ROMAN HISTORIQUE — Depuis près de quasiment vingt ans, Philippa Gregory nous fait découvrir à travers ses romans l’histoire des femmes qui ont jalonné les dynasties des Plantagenêt et des Tudor, deux des familles les plus puissantes de la monarchie britannique. C’est l’occasion aujourd’hui de se pencher sur la dernière parution française de l’autrice, intitulée Reines de sang, qui relate le destin plus ou moins tragique des trois sœurs Grey, héritières malgré elle de la prestigieuse lignée des Tudor.

Jane, Catherine et Mary Grey sont trois sœurs qui ne souhaitent rien d’autre que profiter des beautés de ce monde, de leur jeunesse, et trouver l’amour. Mais leur héritage royal (elles sont les nièces d’Henri VIII !) font d’elles des cibles aux yeux de leurs cousines : Marie et Élisabeth qui, comme l’Histoire le sait, se partageront successivement la couronne d’Angleterre et redoutent plus que tout de la perdre. Chacune des trois sœurs est cependant bien déterminée à prendre les rênes de sa vie en main et toutes envisagent, à un moment, de ceindre la couronne. Mais à quel prix ? Tous ces jeux de pouvoir valent-ils de passer le restant de ses jours à la Tour de Londres ?

Reines de sang, Philippa Gregory

Ce livre est divisé en trois parties, chacune narrée par l’une des trois sœurs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le style est immersif puisque chacun des caractères transparaît à travers les mots, au point d’être parfois un peu agaçant.
Le roman s’ouvre avec Jane, à qui l’on force la main pour accepter la couronne à la mort de son cousin le Roi Edward VI et ce afin de doubler Marie, considérée comme illégitime par son propre père Henri VIII. Et c’est sans doute celle des trois sœurs dont le nom aura le plus marqué l’Histoire d’Angleterre. On se souviendra en effet d’elle pour les siècles à venir comme la Reine de neuf jours qui, pour ne pas renier sa foi, sera morte en martyr.
Avant d’être exécutée, Jane a donné un ultime conseil à sa soeur Catherine : “Apprends à mourir”. Mais Catherine est jeune, c’est la plus belle femme de la Cour et elle a l’intention de vivre follement et d’en profiter. Il est cependant difficile de s’épanouir quand on est malgré soi une menace pour la Reine.
Et enfin il y a Mary, la plus discrète et la moins connue des trois soeurs Grey. Oubliée de l’Histoire, Mary mène sa barque afin d’éviter le plus d’écueils possibles. Pas facile quand on est la troisième des héritières potentielles à braver la Reine …

La force de Philippa Gregory a toujours été de savoir donner vie à des figures historiques figées par le temps. Avec elle, on devine ce qui les a fait vibrer, leurs peines et leurs joies, la force et l’inéluctabilité de leur destin. Pour cet opus, il y a par contre un vrai parti pris contre Élisabeth Ière, qui passe pour un monstre sans pitié, sans avoir ne serait-ce que l’opportunité de donner sa vision des faits. Et c’est un peu dommage, elle aurait sans doute aimé pouvoir justifier ses choix politiques (et cela aurait été intéressant pour le lecteur …).

En résumé, si vous aimez les fictions basées sur des personnages réels et que vous ne recherchez pas l’ultra-précision historique, ce roman saura – dans sa majorité – vous convaincre. C’est un agréable moment passé en compagnie des sœurs Grey et l’on ne peut s’empêcher d’avancer dans sa lecture en croisant très fort les doigts pour un destin plus clément que celui de Jane. Si le sort de Catherine et Mary vous intrigue, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Reines de sang, Philippa Gregory. Milady, juillet 2019. Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Mathias Lefort.

 

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