Lames Vives : une série de fantasy atypique qui démarre en fanfare !

FANTASY — Après les trois retentissants tomes des Sœurs Carmines, et une petite incursion en littérature jeunesse, Ariel Holzl se lance dans une nouvelle série, déclinée en deux tomes : Lames Vives. 

Il y a environ un siècle, le pays a été déchiré par la Guerre des Liens. Les Muedins, anciens esclaves, ont écrasé leurs oppresseurs, les Haa’thi. Seuls ? Non ! Les Muedins se sont appuyés sur les Lames, des soldats surhumains ne faisant qu’un avec le vif-argent qui coule dans leurs veines et qui leur permet de transformer leurs membres en armes de métal. Les Lames ont réduit à néant les Empathes, des Haa’thi pourtant capables de soumettre leurs adversaires sur un simple toucher. Aujourd’hui, la situation s’est inversé. Les Haa’this subissent brimade et sévices, et sont forcés de se mettre au service de la République des Muedins.
Gryff, un soldat Lame, se retrouve malencontreusement aux mains de deux Haa’this, Nazeem et Minah. Ces derniers entendent bien utiliser les talents de leur prisonnier pour, retrouver la soeur de Minah et, pourquoi pas, prendre leur revanche sur la République.
En parallèle, Ellinore, une soldate d’élite de la République et Saabr, Lame et ancienne camarade de Gryff, se retrouvent associées pour une mission. Laquelle ne tardera pas à croiser la route de Minah, Nazeem et Gryff…

Si vous vous attendez à un roman semblable dans le ton et les thèmes aux Sœurs Carmines ou à Fingus Malister, gare à vous ! Car Ariel Holzl joue ici sur un univers et une intrigue nettement plus sombres que dans ses titres précédents. Évidemment, la vie à Grisaille n’était pas de tout repos, mais l’histoire était portée par un humour décapant qui rendait les pires passages légers et drôles. Ici, l’humour est toujours bien présent, mais peut-être un peu moins omniprésent, au profit d’une intrigue assez politique, qui inclut quelques scènes bien glauques.
Longtemps avant le début de l’histoire, le monde a connu une catastrophe écologique de très grande ampleur. Nos personnages évoluent donc dans un univers désolé : la mer est devenue du pétrole, la neige est toxique, les sables ont recouvert tous les pays et, bien sûr, l’eau manque terriblement – surtout chez les Haa’this, puisque les Muedins ne manquent vraiment de rien. Tout est donc prêt pour une petite révolte des familles. Or, si celle-ci gronde effectivement en arrière-plan, ce n’est pas le but principal des protagonistes : Minah et Nazeem sont concentrés sur la recherche de la sœur de Minah (même si faire tomber la République serait pour eux un plus non négligeable).

Cet angle d’attaque fait partie des points originaux de ce premier tome. Car si l’on se trouve bien dans un univers aux accents dystopiques, on ne suit absolument pas les héros de la révolution. Et si les personnages sur lesquels se focalise le récit y participent, c’est presque par accident.
Côté personnages, Ariel Holzl a choisi d’en développer plus précisément six, tant du côté des Haa’this que des Muedins. Les chapitres sont donc narrés alternativement du point de vue des uns ou des autres, ce qui apporte des éclairages différents sur la situation. Et cette variété est fort appréciable car, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’univers et intrigue sont très complexes !
En effet, l’histoire débute en fanfare, et quasiment sans explication. Celles-ci viennent au fil des chapitres, et permettent de se faire une meilleure idée des forces en présence, comme des tenants et aboutissants. Il faut vraiment se laisser porter par l’intrigue avant de saisir les enjeux principaux du récit – d’ailleurs, tous ne sont pas résolus ou éclaircis à la fin de ce premier tome. Cela peut paraître compliqué à suivre, mais avec un peu de patience, on finit par se situer parfaitement. Cette construction est vraiment intéressante, car contrairement à un récit classique présentant d’emblée les protagonistes et leurs opposants, ici il faut un peu de temps avant de se positionner pour l’un ou l’autre des partis – chacun ayant évidemment des torts à se reprocher. Cette situation ambigüe, loin d’être inconfortable, incite le lecteur à faire preuve d’un peu d’esprit critique, et c’est rafraîchissant !

Si l’intrigue joue sur les codes de la dystopie, elle joue également sur un savant mélange des genres, au gré de quelques scènes qui semblent tout droit sorties d’un roman de science-fiction horrifique, avec savants fous en goguette dans les couloirs d’un laboratoire cauchemardesque. Ajouté à l’environnement qui suggère un univers oriental, cela donne un roman très original !

En somme, voilà un roman sombre et tortueux qui propose une intrigue complexe, dans un univers qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. On attend donc très impatiemment la suite !

Lames vives, tome 1 : Obédience, Ariel Holzl. Mnémos (Naos),15 novembre 2019. 

A propos Oihana 711 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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